Guerre en Ukraine : "Les derniers soubresauts des forces ukrainiennes ?" avertit l'expert Yves Boyer
2024-11-18
Auteur: Emma
Cela fait maintenant presque 1000 jours que le conflit en Ukraine fait rage, causant des centaines de milliers de pertes humaines et forçant près de dix millions de personnes à fuir leur terre natale. L'invasion à grande échelle orchestrée par la Russie le 24 février 2022, sur fond d'annexion de la Crimée huit ans plus tôt, a plongé l'Europe dans une guerre de haute intensité. Après une résistance héroïque au début du conflit, suivie de contre-offensives au cours de l'été 2023 ayant abouti à des succès limités, l'armée ukrainienne, tout comme la population, montre des signes évidents d'épuisement en ce début d'hiver 2024.
Selon le Bureau du Procureur Général d'Ukraine, plus de 15 500 soldats ont déserté l'armée entre janvier et août 2024, un chiffre alarmant qui représente une augmentation spectaculaire par rapport aux 3 300 déserteurs notés en 2022 et aux 7 800 en 2023. Yves Boyer, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et membre du think tank The Alphem group, souligne que "le contexte a considérablement changé; le réalisme prévaut". L'Ukraine semble désormais incapable de regagner le territoire perdu.
Où en sont les troupes ukrainiennes sur le terrain après 1000 jours de combat ? Les forces ukrainiennes semblent être en phase terminale, notamment après une offensive ratée sur la mer d'Azov et une incursion près de Koursk. L'objectif d'atteindre des installations stratégiques a été un échec, et les dernières troupes aguerries se trouvent à bout de forces. À l’inverse, les Russes, qui ont appris de leurs erreurs initiales, ont intensifié le développement de leur utilisation des drones et modifié leurs tactiques d'attaque, favorisant plus de vitesse et de mobilité.
La situation sur le terrain est de plus en plus à l'avantage des forces russes. Leur stratégie de "mort par mille coupes" sur un front de 1000 kilomètres semble porter ses fruits, tandis que la population ukrainienne exprime un mécontentement grandissant face à l'absence de solutions visibles au conflit et la colère face aux déserteurs.
Du côté de l'armée ukrainienne, beaucoup de soldats aguerris ont été décimés et les nouvelles recrues, souvent composées d'hommes plus âgés d'environ 45 ans, manquent de détermination. Les troupes sont épuisées et la motivation s'effrite rapidement. Les succès de communication en Ukraine, bien que prometteurs, masquent l'ampleur des défis actuels. Les frappes de drones sur des cibles en profondeur, même si elles sont médiatisées, n'ont pas engendré les résultats escomptés.
Au milieu de cette crise, le soutien international à l'Ukraine commence également à vaciller. Alors que le soutien occidental pourrait être vu comme de la simple rhétorique, les ressources en argent et en armement diminuent. La question du soutien futur pourrait devenir encore plus complexe, en particulier si Donald Trump, dont le discours est souvent sceptique sur l'aide à l'Ukraine, revient au pouvoir.
Peut-on envisager une paix aux conditions imposées par la Russie ? Pour Yves Boyer, c'est une perspective sombre. Les pertes russes, bien que réelles, ne sont pas suffisantes pour les contraindre à se retirer. L'implication des États-Unis et leurs propres intérêts rendraient les négociations d'autant plus délicates. Une Ukraine en détresse, concentrée sur ses défis, se retrouvera alors impliquée dans des discussions qui dépassent ses propres frontières, faisant d'elle un enjeu dans un jeu géopolitique bien plus large.
Face à ce tableau, le spectre d'un effondrement du front ukrainien devient une inquiétude croissante. Les questions subsistent : jusqu'où l'Ukraine pourra-t-elle résister ? Quels seront les implications pour la sécurité européenne ? Le temps semble jouer en faveur de ceux qui cherchent à exploiter les failles de l'Ukraine.