Houris de Daoud : "Une violation de mon intimité", déclare Saâda Arbane
2024-11-19
Auteur: Pierre
La controverse autour du roman *Houris*, écrit par Kamel Daoud et ayant obtenu le prix Goncourt, s'intensifie. Alors que beaucoup de médias français, de *Le Monde* à *Valeurs Actuelles*, encensent l'ouvrage comme étant un des romans les plus féministes de cette rentrée littéraire, une voix s'élève pour dénoncer ce qu'elle considère comme une atteinte à sa vie privée. Saâda Arbane, une survivante des horreurs de la guerre civile algérienne, accuse Daoud d'avoir exploité son histoire sans son consentement.
Sur One TV, Saâda Arbane indique que l'auteur algérien, prétendant offrir une plateforme aux femmes du pays face aux islamistes, aurait en réalité "dépouillé une victime du terrorisme de son histoire, de sa vie, contre son gré". Elle affirme également que les détails intimes partagés dans le livre, incluant son traumatisme, ont été obtenus lors de consultations médicales, violation qu'elle qualifie de gravissime.
"Cela fait 25 ans que je cache mon histoire. Je refuse d'être exposée", souligne-t-elle, décrivant comment la publication du livre a ravivé des traumatismes enfouis. Ses proches ont été choqués d'apprendre que son vécu était exposé sans son autorisation. Le niveau de détail dans *Houris*, selon elle, ne peut provenir que d'une grave violation de sa confidence par son ancienne psychiatre, Mme Daoud, l’épouse de l’écrivain.
Elle raconte que, lors de séances thérapeutiques, elle était complètement ouverte, partageant ses blessures et traumatismes, croyant que tout était protégé par le secret médical. Triste de constater que son intimité a été mise à jour, elle insiste sur le fait qu'elle n'a jamais donné la permission à Kamel Daoud de raconter son histoire. "C'est à moi de décider comment je veux raconter mon histoire, pas à lui", clame-t-elle, décrivant les conséquences émotionnelles dévastatrices que la publication a eu sur sa vie.
Concernant la possibilité d’adaptation cinématographique, elle raconte qu'après la sortie de *Houris*, Mme Daoud lui a proposé d'inclure sa présence dans un film basé sur le livre, une offre qu'elle interprète comme une tentative de la "acheter" pour la faire taire.
Son mari témoigne également des effets néfastes que cette exposition médiatique a sur Saâda : "Elle a énormément de mal à manger, à dormir. Le roman a ravivé de mauvais souvenirs et cela nuit même à notre fils de huit ans." Cette réaction souligne la violence persistante des répercussions de cette histoire dans leur vie quotidienne.
Pour l'instant, Kamel Daoud n'a pas fait de commentaire sur ces accusations, laissant dans l'incertitude la manière dont son succès littéraire pourrait être affecté par cette controverse qui révèle des dilemmes éthiques profonds concernant le respect de l'intimité et des histoires personnelles.