"Il y a une incitation à la surenchère" : Comment les syndicats agricoles se mobilisent en vue des élections professionnelles
2024-11-23
Auteur: Michel
Introduction
Barbecue géant d'un côté, pneus brûlés de l'autre. Depuis le 15 novembre, les syndicats agricoles intensifient leurs actions avec des méthodes variées. Ils mobilisent leurs troupes contre le projet controversé d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, tout en dénonçant le manque de soutien de l'État envers les agriculteurs. Cependant, derrière ces manifestations se cache une autre bataille : celle des élections professionnelles au sein des chambres d'agriculture, programmées pour janvier 2025.
Importance des élections professionnelles
Jean-Christophe Bureau, professeur d'économie à AgroParisTech, souligne l'importance capitale de ces élections : "Elles représentent un double enjeu pour les syndicats agricoles, car elles déterminent leur poids politique et conditionnent une partie significative de leur financement. Les résultats influencent directement les budgets alloués aux syndicats."
La domination de la FNSEA
Depuis plusieurs décennies, l'alliance entre la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs dominent le paysage syndical français. Comme le rapporte le média spécialisé Terre-net, ce duo a raflé plus de 55 % des voix lors des dernières élections, tandis que la Coordination rurale a réussi à s'imposer dans quelques départements, mais reste en deçà des résultats de la FNSEA. Cependant, cet équilibre pourrait changer, comme l'indique Bureau, "le quasi-monopole de la FNSEA est remis en question par la Coordination rurale."
Tensions sur le terrain
Une intensification des tensions sur le terrain a été observée, notamment en Dordogne, où la Coordination rurale a déversé et brûlé une montagne de fumier devant la préfecture, dénonçant un "agricide" en France. Rémi Dumaure, leur leader charismatique, a déclaré : "On ne va pas crever en silence !" Cette méthode provocatrice attire de nouveaux adhérents, contribuant ainsi à multiplier par sept le nombre d'adhésions dans le département, selon France Inter.
Actions pacifiques et tensions internes
Le 18 novembre, la situation était plus pacifique à Périgueux avec un barbecue géant organisé par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. Guillaume Testut, président des Jeunes Agriculteurs de Dordogne, a affirmé : "Il est crucial d'avoir l'opinion publique de notre côté. Nous devons être raisonnables."
Critiques de la FNSEA
Dans le même temps, François Soulard, porte-parole de la Confédération paysanne, a critiqué ces actions, suggérant que sans élections syndicales, la FNSEA n'aurait pas fait entendre sa voix. "C'est une opération marketing", affirme Soulard, ajoutant que la FNSEA ressent maintenant la pression de la Coordination rurale, qui revendique de plus en plus de soutien.
Lutte nationale entre syndicats
À l'échelle nationale, la lutte entre la FNSEA et la Coordination rurale s'accentue. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a fait valoir que son syndicat est le "plus responsable" depuis 80 ans, répondant directement aux promesses de "chaos" de la Coordination rurale. "C'est totalement irresponsable", a-t-il martelé.
Appel à la mobilisation
Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, a appelé les agriculteurs à se mobiliser pour renverser la domination de la FNSEA, soulignant que "la contestation est à son paroxysme dans un contexte où les agriculteurs se sentent abandonnés par les politiques publiques."
Conclusion
Jean-Christophe Bureau conclut : "La Coordination rurale sent qu'elle a le vent en poupe, et cette dynamique pourrait bien redéfinir les rapports de force au sein du paysage agricole français." La mobilisation croissante des syndicats et l'importance des élections à venir posent donc des défis cruciaux pour l'agriculture en France.