Le réalisateur Todd Phillips ne prend pas à la légère le sujet qu'il aborde, tant dans sa mise en scène que par le personnage emblématique qu’il met en avant : le Joker, l’ennemi juré de Batman et fléau de Gotham City. Depuis sa première apparition, ce personnage complexe a suscité fascination et controverses. Le nouvel opus, intitulé Joker : folie à deux, sera projeté sur les écrans à partir du 2 octobre 2024. Ce film semble jouer sur une tonalité sérieuse, voire profondément troublante, créant ainsi un malaise palpable.

Arthur Fleck, interprété avec intensité par Joaquin Phoenix, se retrouve enfermé dans un univers sombre qu’il a contribué à façonner depuis 2019. Lady Gaga, qui incarne Harley Quinn, s’avère être un choix judicieux, apportant une nouvelle dimension à ce duo chaotique. Ce film promet de nombreuses surprises, même si l’ampleur de cette œuvre pourrait paraître un peu exagérée.

Un personnage iconique et dérangeant

Dans Joker : folie à deux, l'absence de la cape de Bruce Wayne/Batman offre une liberté nouvelle au Joker. Ce personnage iconoclaste à tête de clown, connu pour sa folie meurtrière, attire des parallèles troublants avec les obsessions culturelles contemporaines pour les tueurs en série, comme le souligne le film à travers les manifestations de soutien qui l'entourent.

L’ombre de Jack Nicholson, qui avait incarné le Joker dans le Batman de Tim Burton en 1989, plane sur cette nouvelle interprétation. Cependant, Joaquin Phoenix a réussi à s'approprier ce personnage, marquant les esprits avec sa performance acclamée. Lorsque Arthur Fleck se retrouve dans l'asile psychiatrique d'Arkham, il croise la route de Harley Quinn dans un contexte encore plus troublé. À l'aube de son procès pour les atrocités qu'il a commises, un attentat vise le palais de justice, forçant les deux personnages à fuir ensemble, sous le signe de la passion et de la folie.

Un film musical audacieux

Dans ce film atypique, surprise pour beaucoup, le genre musical s’invite avec des duos entre Joaquin Phoenix et Lady Gaga. Bien que la voix de Phoenix ne soit pas à la hauteur de celle de Gaga, connue pour son incroyable talent vocal, leur alchimie à l'écran et la richesse des interprétations créent une dynamique captivante.

Cependant, le film semble s'étirer avec des procès se succédant, parfois au détriment de la narration. Todd Phillips semble osciller entre ambition et surcharge, car l’absence d’humour dans ce projet rend l’atmosphère d’autant plus pesante. Ce choix de rendre le Joker au cœur d’une tragédie ne risque-t-il pas d’éclipser l'aspect divertissant de la culture pop qui l’entoure ?

De plus, alors que le Joker était autrefois considéré comme un personnage de série B, il se transforme aujourd’hui en colosse cinématographique avec une vaste portée. Nous devons nous interroger : ce choc entre tragédie et culture populaire est-il vraiment bénéfique, ou risquons-nous de perdre l’essence d’un personnage si complexe ?