Nation

Karim Bouamrane, Raphaël Glucksmann, Carole Delga… À gauche, les 50 nuances de l’anti-Mélenchon

2024-10-03

Auteur: Léa

IDRISS BIGOU-GILLES / AFP

POLITIQUE - « Le problème, ce n’est pas eux, c’est le reste de la gauche : qui est-elle ? »

Ces mots sont ceux de Raphaël Glucksmann, en pleine réflexion sur l’état de la gauche en France, alors que son mouvement, Place publique, s'apprête à faire son retour à La Réole en Gironde. En plus des figures bien connues de la gauche, comme Jean-Luc Mélenchon et son mouvement La France Insoumise, un nouveau acteur fait alors surface : Karim Bouamrane, le maire de Saint-Ouen, qui a lancé un mouvement intitulé La France Humaine et Forte. Ce dernier représente le dernier-né d’un archipel toujours plus large de factions au sein de la gauche française, exprimant un anti-mélenchonisme croissant.

Lors d’un rassemblement au Stade Bauer, Karim Bouamrane vise un large éventail de soutiens, attirant des figures politiques notables, y compris le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, ancien président François Hollande, ainsi que l’eurodéputé Raphaël Glucksmann et la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. Ce sera leur deuxième rencontre en l’espace d’une semaine, ayant précédemment fait front commun lors de la rentrée politique de Carole Delga, et un troisième événement est déjà prévu autour de Glucksmann.

Les leaders de la gauche cherchent à « refonder une gauche enthousiaste, profondément socialiste, humaniste, écologiste et pro-européenne », selon la promotion de Place publique. Bouamrane déclare qu'il est crucial de créer « un vrai pôle de gauche, qui soit dans le réel, dans le compromis », s’opposant vigoureusement à la manière dont Mélenchon impose son agenda.

Leurs critiques communes soulignent une tendance au sein de la direction du PS qu'ils jugent « soumise » à La France insoumise. Le manque de soutien clair à d’anciens figures comme Bernard Cazeneuve est particulièrement décrié, ce qui alimente encore les tensions au sein de la gauche.

Le paysage politique à gauche se gonfle avec pas moins de quatre mouvements en plus des partis traditionnels, incluant Place publique, la Convention de Bernard Cazeneuve, La France humaine et forte, et L’Après, groupe formé d’anciens membres de La France insoumise. Les affrontements sur l’orientation politique de la gauche sont incisifs, mais Bouamrane et ses alliés soutiennent que la diversité des opinions peut également être une force, permettant une meilleure dynamique au sein de la gauche.

Cependant, la question demeure : cet espace à gauche sera-t-il suffisant pour unir ces différentes factions ? Lever l’obstacle d’une « multitude de chapelles » est à la fois un défi urgent et une priorité exprimée par tous les acteurs impliqués, alors qu’ils se dirigent vers l'échéance électorale de 2027.

Le sentiment partagé par plusieurs leaders, dont Glucksmann, est de ne pas répéter les erreurs du passé, particulièrement celle de la dissolution inattendue, l'appelant à une nouvelle unité stratégique avant qu'il ne soit trop tard. Ainsi, ils envisagent la création d’une forme de « confédération » qui permettra de regrouper ces forces dissonantes autour d’un objectif commun : donner naissance à une véritable gauche de gouvernement.