Nation

La crise des maires : vers un 'crash démocratique' imminent ?

2024-11-20

Auteur: Léa

Une véritable ‘grande peur’ s’empare des élus locaux à travers tout le pays. À l’approche des élections municipales de 2026, une question préoccupante émerge : qu’adviendra-t-il si le nombre de candidats s’effondre ? En septembre dernier, Christophe Bouillon, le maire (Parti socialiste) de Barentin et président de l’Association des petites villes de France, a exprimé clairement ses inquiétudes : « Nous n’imaginons pas que les élus tombent en panne. Attention ! Si nous ne prenons pas de mesures, il y a un risque très réel qu’une panne des maires entraîne un crash démocratique, voire un black-out territorial. »

Les statistiques sur les démissions des maires sont désormais scrutées avec une attention accrue. Depuis le début du mandat des maires élus lors des municipales de juin 2020, « 2 400 maires ont démissionné et 57 000 sièges de conseillers municipaux sont vacants », a affirmé Catherine Vautrin, ministre du partenariat avec les territoires, dans une récente déclaration. Comparé aux 1 293 démissions mentionnées par le gouvernement un an et demi plus tôt, ce chiffre révèle une tendance alarmante. Il est estimé qu'environ 1 100 maires auraient quitté leurs fonctions entre avril 2023 et octobre 2024.

Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’une hausse des démissions à mi-mandat est souvent observée. Martial Foucault, professeur à Sciences Po Paris, souligne que la moyenne des démissions a considérablement augmenté : de 150 par an entre 2008-2014 à 450 par an entre 2020-2023. De son côté, le cabinet de Mme Vautrin affiche des moyennes annuelles de 485 démissions sur le mandat précédent et 529 depuis 2020.

Cependant, il est essentiel d’interpréter ces chiffres avec prudence. Le ministère de l’Intérieur a noté une évolution dans la définition des motifs de démission, rendant les comparaisons historiques délicates.

Les témoignages, néanmoins, témoignent d’une véritable détresse parmi les élus. Au congrès de l’Association des maires de France (AMF), qui se déroule à Paris, Jean-Luc Lentier, maire divers gauche de Vézac (Cantal), a partagé son alarmante prévision : « Madame la ministre, je crains qu'il y ait beaucoup moins de maires dans deux ans parce que nous sommes à bout… »

Cette crise des maires soulève des questions cruciales concernant l’avenir de la démocratie locale en France. Avec un nombre croissant de communes éprouvant de difficultés à pourvoir leurs postes, le modèle démocratique unique de la France est-il en danger ? Une prise de conscience rapide et des mesures concrètes sont indispensables pour éviter une catastrophe électorale. Les conséquences d’une telle situation pourraient être considérables, affectant non seulement les municipalités, mais l’ensemble du paysage politique français.