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La nouvelle doctrine nucléaire de la Russie : Une menace sérieuse pour la sécurité mondiale ?

2024-09-27

Auteur: Léa

Moscou a annoncé le mercredi 25 septembre qu'il révisait sa doctrine nucléaire pour s'adapter au contexte actuel du conflit en Ukraine. Cette décision a été révélée par le président russe, Vladimir Poutine, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, où un projet des nouvelles orientations a été présenté. Ce changement marque une évolution significative, car Poutine avait jusqu'à présent multiplié les menaces sans véritables modifications de politique.

Traditionnellement, la doctrine nucléaire russe, dont la dernière version publiquement communiquée date de 2020, n'autorisait l'utilisation de l'arsenal nucléaire qu'en cas d'attaque nucléaire ou d'agression conventionnelle « menaçant l'existence de l'État ». Cependant, lors de l'annonce récente, Poutine a élargi cette définition. Désormais, une « agression contre la Russie par un État non nucléaire mais soutenu par un État nucléaire pourrait être considérée comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie ». Une mention claire des tensions croissantes avec l'Ukraine et des offensives en cours dans la région de Koursk, sur le territoire russe, ne laisse guère de place au doute.

La révision de la doctrine permettrait également à la Russie d'utiliser des armes nucléaires dans le cas où elle recevrait des informations fiables sur le commencement d'une « attaque transfrontalière massive », comprenant des frappes aériennes via des moyens variés tels que l'aviation stratégique, des missiles de croisière, des drones et des armes hypersoniques. Cette déclaration fait écho aux discussions en cours entre les pays occidentaux et l'Ukraine concernant l'approvisionnement en armes à longue portée. En particulier, le président américain, Joe Biden, a récemment annoncé l'envoi à Kiev de bombes planantes d'une portée de 20 à 130 kilomètres, un nouveau développement qui pourrait exacerber les tensions.

Un autre aspect essentiel de cette nouvelle doctrine serait la reconnaissance explicite de la Biélorussie sous le bouclier de la dissuasion russe. Poutine a déclaré : « Nous nous réservons le droit d'utiliser des armes nucléaires en cas d'agression contre la Russie et la Biélorussie en tant que membre de l'union ». Cela s'aligne avec les annonces précédentes concernant l'acheminement d'ogives nucléaires en Biélorussie, la première fois que Moscou déploierait des armes nucléaires en dehors de ses frontières depuis l'effondrement de l'Union soviétique.

Ce changement de doctrine, pour entrer pleinement en vigueur, nécessiterait toutefois un décret présidentiel. L'experte Héloïse Fayet, spécialisée dans les questions de dissuasion à l’Institut français des relations internationales, souligne que même si cette évolution n'implique pas un abaissement officiel du seuil d'utilisation de l'arme nucléaire, elle élargit les conditions dans lesquelles une réponse préemptive pourrait être envisagée. Auparavant, seule la menace de missiles balistiques était reconnue, excluant la possibilité d'une attaque aérienne de grande ampleur.

Cette évolution pourrait aussi signaler une intensification des tensions entre la Russie et l'Occident, tout en appelant à une vigilance accrue de la part des nations membres de l'OTAN. Les implications de cette révision sont d'une grande portée pour la sécurité mondiale, et le monde entier doit les prendre très au sérieux.