Nation

L'Assemblé nationale : une ère d'incertitudes teintées de tension

2024-10-01

Pour la première fois depuis leur élection il y a presque trois mois, les députés siégeront dans leurs groupes respectifs lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre, Michel Barnier, prévue pour le mardi 1er octobre. Cette session marquera un tournant décisif dans le paysage parlementaire. Alors que le camp macroniste, fort de 360 députés lors des élections de 2017, se retrouve désormais réduit à 165 élus, la pression s'intensifie au sein des travées de l'Assemblée nationale, où ils sont désormais dans une situation d'isolement, rattrapés entre les blocs de gauche et d'extrême droite.

Michel Barnier n'a pas encore révélé son programme législatif, mais les perspectives paraissent limitées. L'Assemblée nationale, qui repose sur un appui parfois chancelant, exige des manœuvres délicates, et le Premier ministre a récemment choisi de ne pas se soumettre à un vote de confiance, reflet de la fragilité de sa position.

Les députés se heurtent également à un défi majeur : le vote des lois de finances d'ici la fin de l'année. Ce débat budgétaire fangieux menace de monopoliser l'attention politique, alors que le gouvernement tente de maîtriser le déficit croissant des finances publiques. L'incertitude et la tension devraient s'accentuer avec l'usage possible de l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer des textes sans vote, des préoccupations déjà exprimées au sein des rangs économiques.

Les tensions sont palpables, comme en témoigne le député Renaissance Guillaume Gouffier Valente, qui rappelle cruellement que « Michel Barnier n’a pas de majorité » et que ses ministres doivent revoir leurs ambitions réformatrices à la lumière des restrictions actuelles.

Le soutien du bloc central envers Barnier est en dents de scie. Les députés se retrouvent tiraillés entre leur désir d’une stabilité politique post-élections et leur désapprobation grandissante face à une orientation politique jugée trop à droite, incarnée principalement par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. Marie Lebec, députée Renaissance, résume la situation : « Dans le groupe, personne n’a l’envie de faire tomber Michel Barnier, mais personne ne désire le soutenir non plus. »

Dans ce climat, la liberté de vote chez les macronistes pourrait entraîner des divisions croissantes lors des décisions législatives. Marc Fesneau, président du groupe MoDem, a prévenu ses troupes : « Nous n’accepterons plus d’être les vassaux de qui que ce soit. » Au milieu de cette tourmente, l’ancienne majorité cherche désespérément un espace pour se positionner entre le soutien timide au gouvernement et une éventuelle défiance, dans une période où l'inconnu semble roi.

Reste à voir comment Michel Barnier naviguera dans ce cadre incertain. Les semaines à venir s'annoncent remplies de défis, de tensions et, peut-être, de rebondissements inattendus.