Technologie

Le fiasco des trains à hydrogène : pourquoi l'Allemagne peine à abandonner le diesel ?

2024-11-25

Auteur: Jean

L’Allemagne, autrefois en tête de l'innovation ferroviaire avec ses trains à hydrogène, est dans une impasse. Après des mois de promesses et d'annonces éclatantes, les trains diesel font leur grand retour sur certaines lignes, remettant en question l'avenir de la technologie hydrogène. Pourquoi ce revirement surprenant ?

Une ambition entravée par des échecs techniques

En 2018, la présentation des Coradia iLint par Alstom avait suscité un engouement sans précédent. Ces trains, vantés comme les premiers au monde à fonctionner sans émissions de CO₂, étaient censés révolutionner le transport ferroviaire, notamment sur les lignes non électrifiées. Malheureusement, la réalité a largement déçu. Sur la ligne RB15, reliant Bad Homburg à Brandoberndorf, ces rames ont été confrontées à des problèmes de fiabilité majeurs. En novembre 2024, le réseau RMV (Rhein-Main-Verkehrsverbund) a annoncé un rappel technique des Coradia iLint, entraînant la réintroduction de 16 trains diesel Lint 41 pour assurer la continuité du service.

Des obstacles inattendus

L'inefficacité des trains à hydrogène dans des conditions réelles a surpris les experts. Malgré des tests en laboratoire satisfaisants, la technologie des piles à hydrogène s'est heurtée à des imprévus, comme l'a souligné Knut Ringat, directeur général de RMV. Les retards dans l'approvisionnement en hydrogène ont également compliqué les opérations. L’un des opérateurs a dû faire machine arrière en raison de difficultés de livraison de carburant, mettant en lumière les défis logistiques d'une technologie encore peu implantée.

Mais ce n’est pas tout : le coût initial de la transition vers l'hydrogène est élevé. L'installation de stations de recharge et d'une logistique de transport adéquate pour l'hydrogène a alourdi les budgets d'exploitation. Les compagnies ferroviaires se retrouvent donc face à un double défi : améliorer la fiabilité des trains tout en investissant dans une infrastructure coûteuse.

Un retour au diesel : une solution à double tranchant

Bien que les trains diesel soient efficaces sur le plan opérationnel, leur réutilisation soulève de sérieuses préoccupations environnementales. En effet, les émissions de gaz à effet de serre liées à leur fonctionnement sont en contradiction avec les objectifs climatiques fixés par l'Union européenne pour 2050. Le président de la surveillance de RMV a toutefois assuré qu’il s’agissait d’une réponse temporaire, tout en gardant espoir pour la technologie hydrogène.

En dépit de ces revers, le potentiel des trains à hydrogène demeure pertinent. Les Coradia iLint continuent d'opérer sur la ligne RB12 reliant Königstein im Taunus à Francfort, témoignant de la volonté de surmonter ces difficultés. Cependant, pour que cette technologie devienne une norme dans le paysage ferroviaire, plusieurs améliorations sont désormais nécessaires :

- **Amélioration de la fiabilité** : Alstom doit prioriser les mises à jour techniques pour répondre aux exigences de performance.

- **Développement de l'infrastructure** : Des investissements massifs dans l'infrastructure de ravitaillement doivent être réalisés pour surmonter les problèmes d'approvisionnement en hydrogène.

- **Sensibilisation et soutien gouvernemental** : Renforcer la sensibilisation aux avantages des trains à hydrogène et collecter davantage de soutien à tous les niveaux de gouvernement pourraient accélérer la transition.

Le futur du rail en Allemagne dépend donc de la capacité à relever ces défis. L'hydrogène pourrait bien être l'avenir, mais cela nécessite un engagement sérieux et des efforts ciblés pour garantir sa faisabilité et sa durabilité.