C'est un tournant inattendu que l'Union européenne (UE) prend en optant pour des projets d'extraction minière. Contrairement aux énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole, l'UE se concentre sur des matières premières cruciales telles que le lithium, le graphite et le germanium. Ces éléments sont essentiels non seulement pour les transitions écologiques et numériques, mais également pour soutenir des industries stratégiques comme celle de la défense.

Le 25 mars, la Commission européenne a dévoilé une liste de quarante-sept projets répartis sur treize États membres, dont l'objectif est de diminuer la dépendance des Vingt-Sept vis-à-vis des chaînes de valeur de ces ressources stratégiques, allant de l'extraction au recyclage. Parmi ces projets, on peut noter des mines de cobalt en Espagne, de cuivre en Roumanie, de gallium en Grèce, de graphite en Suède, et de lithium en Finlande. En outre, de nouvelles raffineries devraient voir le jour en Belgique, en Pologne et en République tchèque. En France, huit projets ont été sélectionnés, dont deux sites d'extraction de lithium dans l'Allier et en Alsace.

Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne, souligne l'importance de ces matériaux : « Il n'y a pas de décarbonation sans gallium pour fabriquer des panneaux solaires, ni de cuivre pour le transport de l'électricité. L'industrie de la défense dépend des terres rares présentes dans nos radars et sonars. Sans cuivre, aluminium ou manganèse, il n'y a pas d'industrie ! »

La nécessité d'ouvrir de nouvelles mines en Europe est donc cruciale. Séjourné met en avant un impératif de souveraineté et de sécurité européennes face à une compétition mondiale de plus en plus féroce pour ces ressources limités. En effet, la lutte pour l'accès aux minerais critiques s'intensifie, notamment entre grandes puissances comme les États-Unis, la Chine et la Russie.

Le monde est en pleine transformation énergétique et digitale, et il semble que l'Europe ait enfin compris l'urgence d'une production de matières premières localement. Cette stratégie pourrait également représenter une opportunité économique significative pour le continent, en créant des emplois et en renforçant son autonomie sur la scène mondiale. Reste à voir si les projets se concrétiseront efficacement ou s'ils resteront de simples promesses.