Affaires

Les licenciements chez Milee : une catastrophe sociale inédite en France

2024-10-09

Auteur: Léa

La détresse des employés de Milee

La détresse des employés de Milee est alarmante : « Nous avons l’impression d’être des invisibles, comme une partie du quart-monde », confie un salarié profondément affecté. L’entreprise spécialisée dans la distribution de prospectus a été placée en liquidation judiciaire le 9 septembre dernier, impactant environ 10 100 personnes. « C’est la plus grande catastrophe sociale depuis quarante ans dans ce pays. Pourquoi ce drame n’est-il pas à la une de tous les JT ? », s’interroge Sébastien Bernard, délégué syndical central CGT, en mettant en lumière l’ampleur du désastre.

L'impact sur les salariés

Un grand nombre de ces travailleurs se retrouvent sans revenu et beaucoup n’ont pas reçu leurs derniers salaires. « Certains d’entre nous se retrouvent sans aucune ressource financière. Nous n’avons aucune idée de quand nous serons payés ! », insiste-t-il avec inquiétude.

Mobilisation des employés

Pour faire entendre leur voix, des dizaines de salariés, venus de villes comme Saint-Malo, Rouen, Niort ou Brive-la-Gaillarde, se sont rassemblés devant le ministère de l'Économie et des Finances à Paris le mardi 8 octobre. Jean-Paul Dessaux, secrétaire fédéral de SUD-PTT, souligne l’urgence de la situation : « Beaucoup n’ont même pas les moyens de se nourrir, et ils ne pourront pas encore moins se permettre un voyage à Paris. »

Témoignage de Marie-Ange Goyard

Marie-Ange Goyard, 37 ans, mère de deux enfants et distributrice au dépôt de Roanne, a également pris la parole : « Que va faire mon mari cet après-midi comme chaque mardi ? Il va aux Restos du cœur ! J’ai donné tant d’heures pour Milee… Ils nous payaient toujours des montants approximatifs. Avec la flambée des prix de l’essence, cela devient insupportable. Je voulais simplement travailler dignement ! » Elle s’effondre en larmes, illustrant ainsi le désespoir de milliers de salariés.

Absence de soutien et précarité

La situation des employés est d’autant plus critique qu’aucune allocation chômage n’est prévue pour eux. La plupart travaillaient à temps partiel, payés au SMIC, souvent des mères célibataires ou des retraités luttant pour joindre les deux bouts. Nicole Fromage, 74 ans, témoigne : « Je devrais me débrouiller avec les heures de ménage que je fais encore. » Selon les syndicats, environ 1 700 salariés ont plus de 70 ans, et une aide exceptionnelle est demandée pour ces personnes vulnérables.

Appel à la mobilisation générale

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, dénonce l'hypocrisie des dirigeants politiques et patronaux qui, conscients de la précarité de ces travailleurs, ont choisi de rester passifs : « Ils se sont dit : 'On est tranquille, personne ne va réagir.' » Cette situation représente non seulement une crise économique mais aussi une profonde crise humaine. Les salariés de Milee appellent à une mobilisation générale pour attirer l’attention sur le sort de milliers de Français touchés par cette catastrophe socio-économique.