
Les PUF mettent en pause la publication d'un livre anti-woke aux résonances trumpistes
2025-03-10
Auteur: Pierre
Un climat de malaise s'est installé ces derniers jours au sein des Presses universitaires de France (PUF) à Paris. La raison ? La parution d'un livre controversé dénonçant ce qu'il décrit comme l'assaut inédit du « mouvement woke » sur la science, tant en Amérique du Nord qu'en Europe. Intitulé *Face à l’obscurantisme woke*, cet ouvrage collectif, dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, visait à alerter sur l'infiltration des idéologies décoloniales, des théories de la race et du genre dans les domaines de la recherche en lettres, en sciences humaines, en droit, et même dans les sciences dures.
Prévu pour paraître le 9 avril, le livre avait déjà suscité des débats animés sur les réseaux sociaux, où des professionnels des idées et des sciences ont exprimé leurs préoccupations concernant ce projet éditorial. La quatrième de couverture, alarmante et ornée de rouge et noir, circulait largement en ligne.
Cependant, la thèse du livre, déjà contestable, a perdu davantage en crédibilité depuis que Donald Trump a entrepris une offensive obscurantiste contre la recherche aux États-Unis, sous le prétexte de l'anti-wokisme. Sa détermination à attaquer des domaines universitaires qui abordent les inégalités sociales, les discriminations raciales, le changement climatique ou la santé publique a ravivé les inquiétudes quant à l'impact de telles idéologies sur la quête de vérité et de rigueur scientifique.
Face à la montée des tensions autour de la notion de 'woke', de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer un engagement en faveur de la liberté académique et un débat nuancé, capable d'intégrer diverses perspectives sans céder à la polarisation. La décision des PUF de suspendre cette publication illustre les défis complexes auxquels sont confrontées les institutions académiques dans un contexte sociopolitique de plus en plus clivant. Un tel choix pourrait également poser des questions sur l'autonomie des éditeurs face aux pressions externes, qu'elles soient politiques ou sociétales.