Titre : "Les Sciences Humaines Menacées : Taguieff et Szlamowicz Décryptent le Militantisme Sur la Scène Académique"

Dans un paysage académique en proie à des tensions croissantes entre la recherche objective et le militantisme idéologique, les académiciens Jean Szlamowicz, linguiste et traducteur, et Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées réputé, publient leur ouvrage dirigé, intitulé *Les Humanités Attaquées : Discours Militants et Sciences de la Culture* (PUF). Cet ouvrage ne se limite pas à une critique des dérives du wokisme ou du constructivisme exacerbé, mais questionne également les fondements mêmes de l’objectivité scientifique face aux pressions sociales et politiques.

Quelle frontière entre recherche et militantisme ?

Dans une interview, Jean Szlamowicz souligne que les sciences humaines sont à la fois des domaines de recherche rigoureuse et des instruments de changement social. Des chercheurs, en cherchant à se distancier de leurs opinions personnelles, peuvent parfois se laisser submerger par une vision idéologique, sélectionnant des méthodes et données qui soutiennent leurs points de vue. Il critique ainsi ce qu'il appelle "le syndrome de la blouse blanche", où le chercheur se considère comme arbitre de la moralité.

Pierre-André Taguieff établit un lien entre la montée du wokisme et les idéologies de la nouvelle extrême gauche qui cherche à dénoncer divers types d'oppression souvent perçus comme structurels : patriarcat, racisme systémique, etc. Il avertit que cette dynamique ne cessera de croître à moins qu'un retour à des méthodologies plus rigoureuses ne soit opéré.

Les dangers des "rationalités alternatives"

Szlamowicz, évoque que dans ce nouveau climat, la rigueur scientifique peut être perçue comme oppressive, tandis que des théories farfelues peuvent être promues comme étant des travaux académiques valables. Ce glissement vers une "sociologie de la dénonciation" menace d’éroder la crédibilité des sciences humaines.

Réflexions sur les méthodologies scientifiques

Taguieff et Szlamowicz mettent également en lumière la confusion s'installant autour des termes "progressiste" et "conservateur", affirmant que ces étiquettes n'ont pas de sens scientifique. Au cœur des débats contemporains, il est vital de rester ancré dans la réalité des phénomènes étudiés sans se laisser influencer par des modes idéologiques.

Le concept de "panique morale"

La discussion se prolonge sur la notion de "panique morale", introduite par le sociologue Stanley Cohen. Taguieff évoque que les critiques du wokisme sont souvent disqualifiées par ceux qui utilisent ce terme, accusant leurs opposants de céder à une peur infondée. Szlamowicz fait écho à ces préoccupations, en soulignant que ces accusations de panique représentent surtout une tentative de censurer les opinions alternatives sur la scène intellectuelle.

Le cas du 7 octobre : Une illustration des dérives académiques

En raison d'événements récents, comme ceux entourant la violence liée au Hamas, Taguieff dénonce des approches académiques qui légitiment la violence sous couvert de résistance contre le colonialisme. Il s'inquiète de la perception déformée du conflit qui bouleverse la rationalité des débats académiques. La désinformation et la manipulation se lovent dans le discours universitaire contemporain, fragilisant ainsi la fonction critique qui devrait être la mission des sciences humaines.

Conclusion : Un appel à la rigueur et à l'objectivité

Les discours de Szlamowicz et Taguieff éclairent une problématique majeure dans la recherche contemporaines : la tension entre le militantisme et la recherche objective. Alors que le système éducatif repose de plus en plus sur des paradigmes idéologiques flous, ces penseurs plaident pour un retour vers des méthodes de recherche claires et rigoureuses, essentielles à la compréhension critique des enjeux sociaux. Leurs réflexions impérieuses soulignent combien il est urgent de préserver l’intégrité de la recherche académique face aux vents idéologiques qui risquent de l’affaiblir davantage.