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L'Europe en crise d'explosifs : pourquoi nos armées sont en danger ?

2025-03-24

Auteur: Chloé

Il y a quelques mois, la Russie a annoncé un budget de 116 milliards d'euros pour sa Défense nationale, représentant plus d'un tiers de son budget pour 2025. En comparaison, le budget militaire des États-Unis a atteint 873 milliards d'euros en 2023. De son côté, l'Union Européenne a prévu 326 milliards d'euros pour son armement en 2024.

La Commission européenne a récemment proposé un prêt de 150 milliards d'euros pour des achats groupés, à condition que ces acquisitions intègrent au moins 65 % de composants européens. Cette initiative vise à renforcer la sécurité tout en stimulant la croissance économique, et à réduire la dépendance de l'Europe vis-à-vis d'acteurs extérieurs pour sa défense.

Cependant, la situation s'avère plus complexe qu'anticipé. Alors que la guerre en Ukraine fait exploser la demande en munitions, les usines de production sont à pleine capacité mais ne parviennent pas à répondre aux besoins croissants. Une partie significative des stocks européens a été destinée au soutien à l'armée ukrainienne, estimé à 49,3 milliards d'euros.

Paradoxalement, l'Europe fait face à un problème de dépendance, notamment au coton chinois, utilisé pour produire les explosifs. Les matières premières essentielles, telles que l'acide nitrique et le coton-poudre, sont rares sur le continent, et la majoritairement approvisionnée en haute qualité vient de Chine, alliée stratégique de Moscou.

Cette dépendance doit être réduite de toute urgence. Les alternatives possibles, comme les explosifs PETN ou RDX, présentent également des capacités de production saturées et des carnets de commandes remplis pour les années à venir. Bien que des pays comme l'Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas et la Belgique aient une base chimique solide, ils ne peuvent pas seuls répondre à la montée de la demande.

Face à ce défi, la Commission européenne a lancé, à la mi-mars, le plan ASAP (Acte de soutien à la production de munitions), avec une injection de 500 millions d'euros pour booster la production de munitions. L'objectif affiché est d'atteindre une production de 2 millions d'obus par an d'ici 2025, contre 1,4 million en 2024.

Néanmoins, ces investissements risquent d'être insuffisants si l'Europe continue d'être dépendante de matières premières non-européennes et si le cadre réglementaire ne se flexibilise pas. L'industrie chimique européenne, qui produit de la nitrocellulose pour des applications civiles, doit affronter le défi technique et juridique d’adapter ses lignes de production pour des usages militaires.

La balle est dans le camp des décideurs européens : sans réformes structurelles ambitieuses, l'Europe risque de se retrouver en proie à une crise de défense sans précédent.