Mars : Le rover Zhurong découvre des vestiges d'un ancien littoral dans l'hémisphère nord ?
2024-11-19
Auteur: Chloé
Des chercheurs analysant les données du rover chinois Zhurong, qui a atterri sur Mars en 2021, ont identifié ce qui pourrait être les restes d'un ancien littoral dans le nord de la planète rouge. Cette découverte renforce la théorie selon laquelle un vaste océan aurait recouvert une grande partie de l'hémisphère nord de Mars il y a des milliards d'années, une hypothèse qui fait l'objet de débats depuis des décennies.
Avec l'avènement des technologies d'exploration spatiale, de nombreuses études ont mis en évidence un ancien réseau hydrologique sur Mars, indiquant la présence de rivières, de lacs et potentiellement d'océans. Cependant, le débat persiste sur la question de l'existence de cet océan couvrant presque un tiers de la surface martienne. En particulier, la possibilité d'un océan dans les basses terres du nord reste un sujet de controverses.
Zhurong, qui opère dans le sud d'Utopia Planitia, l'un des plus grands cratères d'impact de Mars, a révélé des éléments suggérant que cette région pourrait faire partie d'un ancien océan. Des formations géologiques récentes, y compris des traces de sédiments, semblent indiquer que des coulées de débris provenant des hautes terres ont contribué à la formation de cet environnement aquatique. L'analyse des sédiments a révélé une granulométrie fine, excluant ainsi une origine volcanique.
Les nouvelles données in situ collectées par Zhurong apportent un soutien considérable à cette hypothèse d'un ancien océan martien. Selon Bo Wu, de l'Université polytechnique de Hong Kong et principal auteur d'une étude publiée dans la revue Scientific Reports, ces résultats ouvrent également de nouvelles perspectives sur le scénario évolutif de Mars.
Zhurong a parcouru près de deux kilomètres en utilisant divers instruments tels que des caméras multispectrales et un radar pénétrant, permettant d'analyser la géomorphologie d'Utopia Planitia et de détecter des traces d'eau ou de glace. Les caractéristiques des sédiments analysés indiquent la présence de minéraux associés à l'eau, comme la silice hydratée, et suggèrent que l'environnement aquatique était riche en sédiments. L'équipe estime que cet océan aurait probablement existé il y a 3,68 milliards d'années, avant de geler pendant une période relativement brève de 10 000 à 100 000 ans et de s'évaporer environ 260 millions d'années plus tard.
L'analyse des reliefs et des formations géologiques souligne également la possibilité d'un environnement marin varié, composé de zones de hautes terres, de zones marines peu profondes et de zones plus profondes. Cela laisse entrevoir un monde aquatique complexe et dynamique, qui a pu abriter des formes de vie primitives, si l'on considère qu'il existe des traces d'activités hydrologiques passées.
Malgré ces découvertes, la communauté scientifique demeure partagée. Certains chercheurs expriment des doutes quant à l'interprétation des formations comme des preuves d'un ancien littoral, évoquant les effets érosifs des tempêtes martiennes sur des milliards d'années. Benjamin Cardenas, de l'Université d'État de Pennsylvanie, souligne que Mars a été plus active que ce que l'on pense, ce qui pourrait avoir effacé toute trace d'un ancien littoral.
Cependant, l'hypothèse selon laquelle des impacts d'astéroïdes pourraient avoir fait réémerger les traces de littoral est plausible et pourrait être confirmée par des échantillons qui seront ramenés sur Terre dans les années à venir. La mission Tianwen 3, prévue pour 2028, pourrait envisager un retour d'échantillons de sol martien autour de 2031, tandis que la NASA prévoit de faire revenir ceux de Perseverance autour de 2040. Ces futures missions pourraient fournir des réponses cruciales sur l'existence et l'évolution d'un ancien océan martien.