Nation

Michel Barnier : Sous Pression Avant Son Discours Crucial à l'Assemblée Nationale

2024-09-30

POLITIQUE - Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, est en pleine préparation de sa déclaration de politique générale.

Ce mardi 1er octobre promet d’être un moment décisif pour celui qui doit exposer les grandes orientations de sa gouvernance. Dans un contexte d'incertitude, Barnier devra naviguer entre des attentes contradictoires et une pression considérable.

À l'heure actuelle, les détails des consultations menées avec les syndicats et les dirigeants des partis de son « socle commun » restent flous. Son entourage a prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à un simple « catalogue de mesures » mais plutôt à des propositions clés sur des priorités essentielles.

Une tâche complexe attend Michel Barnier.

Il a récemment exprimé ses doutes, soulignant : « Je suis là depuis 20 jours, je ne sais pas pour combien de temps. » Ce constat met en lumière la délicatesse de sa mission, d’autant plus que la situation budgétaire est particulièrement préoccupante.

Un budget « historiquement difficile »

Le Premier ministre doit préparer ce que certains experts qualifient déjà de « budget le plus difficile à élaborer depuis des décennies ». Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, a alerté sur l’ampleur du déficit public qui pourrait atteindre 6 % du PIB cette année, bien au-delà des prévisions gouvernementales précédentes fixées à 5,1 %.

Barnier est donc confronté à la nécessité de trouver des moyens pour redresser les finances publiques, un thème qui marquera certainement son discours. Le gouvernement insiste sur la nécessité d'une baisse des dépenses, avec des coupes potentielles dans les 492 milliards d'euros du budget initial. Le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, se dit prêt à examiner la possibilité d'annuler une partie des 16,5 milliards de crédits gelés.

Parallèlement, Barnier réfléchit à un revirement du tabou macroniste concernant les impôts, envisageant d’appliquer de manière exceptionnelle et temporaire des contributions de ceux qui peuvent se le permettre. Le quotidien Le Monde a révélé que des mesures, comme un prélèvement de 8 milliards d'euros sur les grandes entreprises ou une nouvelle taxe sur les rachats d'actions, sont actuellement en cours d'évaluation. Reste à savoir si ces propositions seront acceptées par ses partenaires politiques.

Le défi des lignes rouges

Michel Barnier doit également faire face aux attentes de ses partenaires au sein du socle commun, qui est divisé et loin d'être homogène. Le soutien des membres de Renaissance est précieux, comme l’a rappelé l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. Cependant, des lignes rouges ont été établies, notamment en ce qui concerne la fiscalité.

« Nous ne pouvons soutenir un gouvernement qui envisage d’augmenter les impôts », a averti Gérald Darmanin, reflétant les inquiétudes au sein de son groupe. La menace de dissension interne complique encore un peu plus la situation pour Barnier, qui doit jongler avec des alliances précaires.

La vigilance de Marine Le Pen

Ajoutons à cela la pression exercée par Marine Le Pen, qui reste attentif aux actions de Barnier. Le début de son mandat a été marqué par des tensions, notamment après des déclarations malheureuses de son ministre de l'Économie, Antoine Armand, sur la collaboration avec le Rassemblement National.

La présidente du RN a affirmé que son parti ne détruirait pas le gouvernement par principe, mais resterait vigilant vis-à-vis de ses décisions, notamment sur le budget.

« Si nous considérons que le peuple français est lésé, nous pourrions voter une motion de censure », a déclaré Le Pen, instaurant une atmosphère d'incertitude pour le Premier ministre. Barnier, dans ce contexte, devra manœuvrer habilement pour éviter une confrontation directe avec le RN, tout en répondant aux attentes de ses alliés.

En somme, les enjeux sont lourds pour Michel Barnier.

Les prochaines heures seront critiques, et son discours à l'Assemblée pourrait bien déterminer non seulement l'orientation de son gouvernement, mais aussi sa capacité à maintenir une certaine stabilité politique dans un climat incertain.