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Naval Group, le champion français, en lice pour fournir 5 à 6 frégates à la Norvège

2024-11-20

Auteur: Jean

En juin 2023, l'état-major norvégien a décidé de remplacer les quatre frégates de la classe Fridtjof Nansen [parmi les cinq en service, le HNoMS Helge Ingstad ayant sombré en 2018] par cinq, voire six nouveaux navires. Cette initiative vise à renforcer les capacités de lutte anti-sous-marine de la marine royale norvégienne et à assurer une flexibilité opérationnelle accrue pour protéger les intérêts financiers stratégiques de la Norvège dans les secteurs maritime et énergétique, notamment au moment où le Grand Nord devient une zone d'importance stratégique croissante, tant pour Oslo que pour l'OTAN.

Le ministère norvégien de la Défense a ensuite sollicité des propositions de la part de onze pays potentiellement capables de fournir de nouvelles frégates. Au final, quatre pays ont été retenus : la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis.

La rapidité d'exécution étant cruciale pour ce projet, la Norvège souhaite s'associer à un programme déjà en cours et établir un « partenariat stratégique » avec un allié proche, permettant une collaboration dans l'acquisition, l'exploitation et la maintenance des futurs navires. En outre, les partenaires doivent avoir des intérêts stratégiques compatibles avec ceux de la Norvège, notamment dans les domaines maritimes et dans le Grand Nord.

L'Allemagne pourrait se démarquer avec sa frégate polyvalente F126 [ex-MKS 180], dont la première unité, la « Niedersachsen », est en construction et devrait entrer en service actif en 2028. Bien que ce navire de 10 000 tonnes doive prouver son efficacité en lutte anti-sous-marine, Berlin a déjà établi un partenariat solide avec Oslo concernant les sous-marins U212CD et le missile naval supersonique « Tyrfing ».

De son côté, le Royaume-Uni bénéficie d'une coopération militaire étoffée avec la Norvège, illustrée par une synergie opérationnelle entre la Royal Navy et la marine norvégienne. Le Royaume-Uni est en train de construire sept nouvelles frégates, dont quatre de Type 26 spécialisées dans la lutte anti-sous-marine et trois de Type 31, connues sous le nom de classe Inspiration.

Étonnamment, les États-Unis figurent également sur la liste. Leur programme de frégates « Constellation », destiné à remplacer les LCS [Littoral Combat Ships], rencontre actuellement des difficultés, forçant la US Navy à prolonger la durée de vie de certains destroyers pour respecter ses engagements opérationnels. Cependant, les États-Unis demeurent le principal allié de la Norvège, ce qui peut expliquer leur inclusion.

Concernant la France, le ministre norvégien de la Défense, Bjørn Arild Gram, a souligné les relations maritimes solides et de longue date qu'entretient la France avec la Norvège, ainsi que l'intérêt croissant de la France pour le Grand Nord, comme l'illustre le déploiement récent de la Marine nationale dans cette région. En début d'année, la frégate FREMM Bretagne a même visité Oslo, offrant une occasion de promouvoir la Frégate de défense et d'intervention [FDI]. La première unité, l'Amiral Ronarc'h, a particulièrement impressionné lors de sa première campagne d'essais en mer.

À ce stade, il est important de noter que, parmi tous les modèles de frégates qui s'affrontent pour cet appel d'offres norvégien, la FDI est actuellement le plus avancé.

Conçue par Naval Group avec une « architecture numérique innovante », la FDI est capable de s'adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles. Elle a un déplacement de 4 500 tonnes et mesure 122 mètres de long. Elle se distingue par des équipements sophistiqués, incluant un sonar de coque KingKlip Mk2, un sonar remorqué CAPTAS-4, une suite de guerre électronique « SENTINEL », un système de communication navale intégré « Aquilon », ainsi qu'un data center. Armée de missiles surface-air Aster 15 et Aster 30, d'une tourelle de 76 mm, de canons téléopérés de 20 mm, de torpilles MU-90 et de missiles antinavires Exocet, elle peut également opérer un hélicoptère et des drones aériens.

Enfin, selon M. Gram, un facteur déterminant dans ce processus sera l'implication de l'industrie navale norvégienne dans la construction et la maintenance de ces frégates. « L'ambition claire du gouvernement est que ce nouveau plan de flotte génère un effet d'entraînement, créant des emplois et de la valeur à l'échelle nationale », a-t-il déclaré.

La compétition pour ces nouvelles frégates est lancée, et l'enjeu demeurera hautement stratégique alors que la Norvège renforce ses capacités maritimes face à des défis géopolitiques croissants.