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«Nous sommes en suspens : ni morts ni vivants » : Fatma Naziri, une réfugiée afghane prise au piège en Turquie

2024-10-08

Auteur: Jean

Fatma Naziri a de nombreuses raisons de vouloir fuir la Turquie. À ce rythme, sa demande d’asile pourrait ne jamais aboutir. La crainte de se voir refusé plane sur elle et sa famille. Si cela arrive, Fatma, son mari et leurs quatre enfants pourraient être renvoyés en Afghanistan, un retour vers la mort. « Je préférerais me pendre », déclare-t-elle, sérieuse. En effet, en Afghanistan, elle et ses deux filles adolescentes risquent bien plus que la misère. Les talibans n’ont qu’un seul souhait : restreindre la liberté des femmes.

Rester en Turquie, c’est vivre constamment dans la peur. Cela veut dire survivre grâce à des petits boulots sous-payés et non déclarés, tout en affrontant les regards hostiles et les commentaires d’une société qui semble à bout de nerfs face à la crise des réfugiés, comme l’a récemment souligné un voisin.

En plus de cette lutte quotidienne, l’incertitude administrative des procédures d’asile pèse lourd sur son moral. Selon des ONG, des milliers de réfugiés afghans se trouvent dans une situation similaire, bloqués entre la réticence des gouvernements européens à accueillir des migrants et le danger imminent auquel ils sont confrontés dans leur pays d'origine. Dans cet atelier en sous-sol où Fatma confectionne des casquettes, elle se débat avec cette réalité : à l'envers de ses espoirs académiques, son diplôme de littérature reste un simple morceau de papier alors qu'elle doit lutter juste pour survivre en attendant un éventuel miracle.