Nation

"On travaille à l'euro près" : le dilemme des maires face aux restrictions budgétaires imposées par le gouvernement

2024-11-19

Auteur: Sophie

La question est de savoir si la police municipale est aussi essentielle que les crèches ou les écoles. C'est à ce dilemme que se confronte le maire de Talence, Emmanuel Sallaberry. Avec les coupes budgétaires drastiques imposées par l'État, il doit dégager deux millions d'euros d'économies pour équilibrer son budget 2025, un montant équivalent aux dépenses annuelles de la police municipale ou des cantines scolaires de sa ville. Pour Sallaberry, couper dans la police ou l'éducation n'est pas envisageable. "Je ne sais pas où trouver de telles sommes en si peu de temps", déclare-t-il.

Le contexte est préoccupant : les prévisions estiment les économies exigées à 5 milliards d'euros pour les 450 plus grandes collectivités locales de France. Lors de l'ouverture du Congrès des maires de France à Paris le 19 novembre, de nombreux élus exprimeront leur indignation face à une "cure d'austérité sans précédent". Emmanuel Sallaberry n'hésite pas à qualifier cette situation d'"injuste".

Des projets essentiels sont menacés : la rénovation d'écoles, l'entretien des infrastructures, et même des recrutements sont gelés. Le maire envisage des solutions telles que le freinage des investissements, une hausse des recettes (par exemple, des taxes locales ou des tarifs de services publics), ou encore un recours à l'emprunt. Cependant, il ne touchera pas à la taxe foncière, examinant plutôt des moyens pour limiter les dépenses de la ville.

"Pour l'instant, nous demandons aux associations de ne pas engager de nouvelles dépenses, mais cela signifie que le sport et la culture en pâtiront en premier lieu", avertit-il, ajoutant que cette situation arrive à un moment où Talence évoquait encore l'héritage des Jeux olympiques.

Au même moment, à Verdun, le maire Samuel Hazard refuse de sacrifier l'aide aux associations. "Nous devons maintenir notre soutien aux activités culturelles, sportives et sociales, car elles constituent le tissu de notre République", déclare-t-il, tout en prévoyant de reporter certains projets d'investissement si la situation budgétaire ne s'améliore pas.

D'autres maires, comme Jean-François Fountaine à La Rochelle, comptent sur des économies de 4,5 millions d'euros. Bien que des projets soient reportés, il tient à préserver les dépenses destinées à l'éducation et au social. Pour signaler l'urgence de la situation, des banderoles ont été affichées sur les mairies, dénonçant les conséquences potentielles sur les associations et les services publics.

Parmi les mesures plus surprenantes, le maire de Bron a décidé d'annuler la cérémonie des vœux de 2025 par souci de montrer l'exemple en période d'effort collectif. De son côté, Nicolas Lacroix, président du conseil départemental de Haute-Marne, envisage de vendre des bâtiments publics pour dégager des fonds.

Alors que la majorité des maires expriment une préoccupation croissante face à la baisse des investissements, certains, comme Jean-François Debat de Bourg-en-Bresse, s'apprêtent à augmenter leur endettement pour faire face à la situation. Au final, la peur de la désillusion des citoyens face à la réduction des services publics prolonge le sentiment de crise parmi les élus locaux.

Les maires pleins d'émotion voient dans cette situation un possible retour de bâton, car les citoyens risquent de se retourner contre eux en cas de baisse des services. La question demeure : jusqu'où iront-ils pour préserver leurs budgets tout en maintenant l'essentiel de leurs services publics?