Affaires

Orange en pleine tempête syndicale : des élections contestées et un climat délétère

2024-11-25

Auteur: Léa

Une crise sans précédent secoue le géant des télécommunications, Orange, partiellement détenu par l'État. Pour la seconde fois en 2023, des élections professionnelles risquent d'échouer, alors que 133 000 employés et anciens employés de l'opérateur étaient appelés à élire, du 19 au 21 novembre, leurs représentants au conseil de surveillance d’Orange Actions, le fonds qui détient 7,5 % du capital et 12,1 % des droits de vote. La direction émet de vives inquiétudes quant à d'éventuelles irrégularités.

Dans un message aux employés rendu public le 22 novembre, la direction a signalé que "la commission de contrôle des opérations de vote a constaté un certain nombre de violations du règlement électoral, principalement de la part de la CFE-CGC Orange". Le premier syndicat au sein de l'opérateur est soupçonné d’avoir ciblé des employés durant tout le scrutin, même via leurs adresses email ou numéros personnels. Le message fait également état de "propos mensongers et attaques personnelles".

Cette situation délicate survient après l'annulation par le tribunal de commerce de Nanterre, le 4 mai, d'une élection organisée en février pour désigner le représentant des salariés actionnaires au conseil d'administration. Ce poste est resté vacant depuis, car le jugement avait déjà dénoncé une "rupture du principe de l'égalité des armes" en raison de la méthode jugée excessive utilisée par la CFE-CGC pour faire élire son candidat.

"Malgré la signature d'un nouveau protocole électoral pour éviter la répétition de telles pratiques, les problèmes persistent. Nous envisageons de faire appel à la justice à nouveau", a indiqué Olivier Berducou, délégué syndical central de la CFDT Orange. Si l'annulation se confirmée, la capacité de vote du fonds des salariés actionnaires, qui est le deuxième actionnaire après l'État avec 23 %, serait compromise lors de l’assemblée générale de printemps 2025.

L'ambiance au sein de l'entreprise est décrite comme "exécrable". Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC d’Orange, a même révélé avoir assigné le groupe avant le scrutin pour contester les modifications apportées au protocole électoral, élaboré en collaboration avec la CFDT.

Ces conflits, bien que courants dans l'univers syndical, prennent ici des proportions alarmantes, impactant la gouvernance et mettant en lumière un climat social dégradé au sein d'Orange. M. Crozier admet lui-même que les relations avec la direction sont tendues. Les tensions sont particulièrement fortes avec le président Jacques Aschenbroich, qui a pris ses fonctions en mai 2022, alors que Crozier convoitait ce poste.

Les enjeux sont majeurs : au-delà des simples rivalités syndicales, c’est la représentation et la défense des intérêts des salariés d’Orange qui se trouvent en jeu dans cette tourmente.