
Paracétamol : « deux intoxications par jour en Nouvelle-Aquitaine », un médicament aux dangers sous-estimés
2025-03-26
Auteur: Louis
En 2024, les huit centres antipoison de France signalent une augmentation troublante des intoxications par le paracétamol, particulièrement chez les jeunes. Le Dr Magali Labadie, à la tête du centre du CHU de Bordeaux, indique : « Ce médicament est à portée de main, bon marché et facilement accessible, mais il peut devenir toxique si l'on dépasse la dose prescrite. Nous avons constaté une augmentation de 25 % des intoxications chez les jeunes, et beaucoup de ces cas sont des tentatives de suicide, ce qui est très préoccupant. Dans notre centre, nous enregistrons chaque année 600 cas d'intoxications au paracétamol, soit deux par jour. » Chaque année, des décès en France sont attribués à un surdosage de paracétamol, qu'il soit volontaire ou accidentel. Ce médicament, généralement perçu comme inoffensif et utilisé pour soulager la douleur et la fièvre, peut-il réellement devenir un poison ?
L'année dernière, au CHU de Bordeaux, une tragédie a touché une jeune fille de 16 ans qui a perdu la vie suite à une intoxication volontaire au Doliprane. Elle est arrivée trop tard aux urgences pour recevoir l'antidote, malgré son efficacité. Son cas, selon le Dr Labadie, est emblématique : « Les tentatives de suicide par paracétamol chez les jeunes sont les plus fréquentes. Il peut s'écouler jusqu'à 36 heures avant que les symptômes graves apparaissent. Pendant ce temps, le poison agit. »
Le centre antipoison du CHU de Bordeaux s'occupe annuellement de 23 000 patients, un chiffre qui a doublé au cours des dix dernières années. Les mois de printemps et d'été sont particulièrement graves, avec des intoxications dues aux piqûres d'insectes, aux produits de jardinage, et, bien sûr, au paracétamol, qui arrive en tête des causes d'intoxication. Le Dr Labadie précise : « 70 % des appels proviennent directement des patients, dont beaucoup sont des adolescents. »
Les intoxications ne sont pas uniquement dues à des tentatives de suicide. De nombreux cas sont accidentels, surtout chez les jeunes enfants qui, attirés par le goût sucré des sirops, peuvent ingérer la substance sans que leurs parents s'en aperçoivent. Il est crucial d'éduquer le public sur les dangers du paracétamol, qui est présent dans de nombreux médicaments. Un adulte en bonne santé peut consommer jusqu'à 4 grammes de paracétamol par jour, mais toute surdose, même minime, peut être dangereuse.
Les pharmacies mettent souvent en garde contre les effets indésirables du paracétamol. Cependant, bien qu'un pharmacien ne puisse pas délivrer de médicaments à un mineur sans l'accord d'un parent, il est courant que les adolescents trouvent ces médicaments dans leur maison. « Le paracétamol est un excellent médicament, mais nous ne devons pas banaliser sa consommation. Ses dangers sont souvent sous-estimés et méconnus du grand public, » conclut le Dr Labadie.
Il est important de sensibiliser à l'utilisation responsable du paracétamol et d'apporter un suivi particulier aux jeunes, qui peuvent être plus vulnérables aux dangers de ce médicament. Des campagnes de prévention pourraient également être mises en place pour informer sur les risques liés au surdosage et les alternatives possibles pour traiter la douleur.