Nation

Féminicide de Chahinez Daoud à Mérignac : le procès de Mounir Boutaa enfin en marche après quatre ans

2025-03-23

Auteur: Léa

« On se bat pour qu’il n’y ait plus d’autre Chahinez. Nous ne recherchons pas la vengeance, mais la douleur est toujours présente. Nous avons confiance en la justice et espérons que ce procès nous aidera à faire notre deuil, ainsi que celui de nos petits-enfants, les enfants de Chahinez, que nous élevons avec tout l'amour possible. Mais aucune décision judiciaire ne pourra jamais remplacer leur mère. » Dans le cabinet de leur avocat, Me Julien Plouton, Djohar et Kamel Daoud, âgés de 65 et 69 ans, se battent pour la mémoire de leur fille Chahinez Daoud, tuée dans des conditions tragiques le 4 mai 2021, devant leur domicile à Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux.

Ce couple algérien a dû fuir leur pays pour venir s’installer en France, où ils s’occupent maintenant des trois orphelins de Chahinez, âgés de 8, 11 et 16 ans.

Deux ans après le Grenelle des violences conjugales, ce féminicide a choqué la France, mettant en lumière les nombreuses défaillances du système de protection des victimes. Brûlée vive après avoir été tirée dessus, Chahinez Daoud, âgée de 31 ans, avait alerté à plusieurs reprises sur la dangerosité de son mari, Mounir Boutaa, dont elle était séparée et contre qui elle avait porté plainte.

Le procès de Mounir Boutaa, âgé de 48 ans, maçon de profession, débute ce lundi 24 mars devant la cour d'assises de la Gironde, pour une durée de cinq jours. Accusé d'assassinat, passible d'une réclusion à perpétuité, il est également poursuivi pour « violences avec arme » et « destruction par incendie ».

Le crime atroce s’est déroulé dans l’après-midi du 4 mai 2021. Alors que Chahinez Daoud sortait pour récupérer ses enfants, elle est attaquée par Mounir Boutaa, qui lui tire dans les jambes avant de l'asperger d'essence et de l'immoler. Un voisin, témoin de la scène, a décrit l’horreur qu’il a vécue, impuissant face à tant de brutalité. La jeune femme n’a pas survécu.

La suite des événements est tout aussi tragique. Mounir Boutaa a ensuite pénétré dans la maison de Chahinez, où se trouvait le fils aîné qui a immédiatement reconnu son beau-père. Frappé par la peur, l’enfant réussit à fuir, tandis que Boutaa, furieux, met le feu au pavillon avant de tenter de fuir.

Rapidement interpellé, il sera trouvé avec un fusil et un pistolet d’alarme sur lui. Les investigations démontrent que Mounir Boutaa avait passé sa journée caché dans un véhicule, observant sa cible. Lors de son interrogatoire, il a déclaré avec une froideur déconcertante : « Je voulais la punir pour le mal qu’elle et la justice m’ont fait », affirmant qu’il avait été trompé par la défunte.

Trois experts psychiatres l’ont examiné, concluant que son discernement était altéré mais non aboli au moment des faits, décelant des traits de personnalité narcissiques et paranoïaques, ainsi qu’une jalousie pathologique.

Les antécédents judiciaires de Mounir Boutaa sont préoccupants. Il avait déjà été condamné pour des violences sur sa première épouse et avait été récemment libéré après avoir purgé une partie de sa peine pour des abus sur Chahinez, incluant des tentatives de la harceler. Les plaintes de la jeune mère avaient souvent été ignorées par les autorités, soulignant les tragiques failles dans le système judiciaire.

La communauté entière attire l’attention sur la nécessité de renforcer les lois contre la violence faite aux femmes. Des manifestations ont eu lieu à travers la France, demandant des mesures plus strictes et un soutien plus concret pour les victimes. Chahinez, devenue un symbole de la lutte contre le féminicide, incarne la souffrance de nombreuses femmes qui continuent de vivre dans la peur au sein de leur propre foyer. Le procès de Mounir Boutaa sera-t-il un tournant dans la lutte contre ces violences ? Toutes les regards sont désormais tournés vers le tribunal.