Nation

Prisons : le plan B de Didier Migaud face à l’impossibilité de construire les 15 000 nouvelles places annoncées

2024-11-19

Auteur: Philippe

Le ministre de la Justice, Didier Migaud, a récemment fait des révélations inquiétantes sur l’état des prisons françaises. Lors de son intervention au journal de 20 heures sur France 2, le 19 novembre dernier, il a affirmé que le plan ambitieux visant à ajouter 15 000 nouvelles places de prison d'ici 2027 est en danger. Un constat qui reflète une réalité préoccupante pour le système pénitentiaire déjà débordé : « La réalisation de ce plan est à la peine », a-t-il déclaré.

Face à cette situation, Didier Migaud souligne la nécessité d'agir rapidement pour remédier à ces retards. « Nous réfléchissons à un projet de loi pour accélérer les procédures de construction. Il est impératif de sortir du modèle unique de prison. […] Ce n’est pas parce qu’un individu est détenu qu’il est un grand criminel. Nous avons besoin de solutions diversifiées, y compris des centres plus petits qui exigent moins de sécurité », a-t-il ajouté, lançant un appel pour une « opération vérité » sur cette question cruciale.

Sous la précédente administration d'Éric Dupond-Moretti, le « plan 15 000 » a été lancé, mais les chiffres sont alarmants. Actuellement, moins d'un tiers des promesses sont réalisées, et d'ici 2027, seulement 42 % de l'objectif initial sera atteint. Si aucune mesure n'est prise, seulement 6 421 nouvelles places pourraient être construites d'ici la fin du quinquennat.

Les retards sont dus à une multitude de facteurs. D'une part, l'ampleur du projet semble irréaliste face aux lourdeurs bureaucratiques et aux exigences techniques élevées. D'autre part, de fortes oppositions locales existent, souvent justifiées par des préoccupations de sécurité et d'impact environnemental. En outre, la Chancellerie a rappelé que la pandémie de Covid-19 et le conflit actuel en Ukraine ont compliqué les délais de construction en raison des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement. De plus, il existe des aléas techniques, tels que la protection des espaces environnementaux et des sites archéologiques.

La situation devient de plus en plus explosive. Fin octobre, la France a enregistré un nombre record de 80 000 détenus pour un peu plus de 62 000 places opérationnelles. Cela implique une densité alarmante dans les maisons d'arrêt, atteignant en moyenne 156 %, et dépassant même les 200 % dans certaines prisons. Pour aggraver les choses, le ministère prévoit une population carcérale qui pourrait s'élever à plus de 86 500 détenus en janvier 2026. Ce chiffre pourrait atteindre plus de 93 000 en 2027, une augmentation annuelle moyenne de près de 5 500 détenus.

Face à un tel défi, les appels à une réforme en profondeur du système pénitentiaire se multiplient, et le débat public sur les alternatives à l'incarcération pour les infractions mineures s'intensifie. Les observations sur les conditions de détention soulèvent des préoccupations éthiques et sociales, mettant en lumière la nécessité de trouver des solutions durables rapidement.