NOBEL - On ne naît pas Nobel, on le devient. Le 7 octobre dernier, Victor Ambros et Gary Ruvkun ont été couronnés par le prix Nobel de médecine pour leurs travaux sur les micro-ARN, une découverte qui a le potentiel de transformer le paysage médical. Mais saviez-vous que la science avait presque pu prédire ce triomphe ? Selon une étude récente publiée dans Nature, ces deux biologistes détiennent toutes les caractéristiques du profil type des lauréats du prix Nobel.

Une étude menée par les journalistes Kerri Smith et Chris Ryan a analysé les parcours de 646 lauréats des prix Nobel dans les domaines scientifiques (médecine, physique, chimie) depuis 1901, en décelant les facteurs qui augmentent les chances de décrocher cette distinction prestigieuse.

Les traits distinctifs des gagnants

Un fait remarquable est que la majority des lauréats sont des hommes. Au XXe siècle, seulement 20 femmes ont été honorées dans les domaines scientifiques. Cependant, le XXIe siècle a vu une transition avec l'émergence de 15 lauréates supplémentaires depuis les années 2000. D'après les chercheurs, si vous êtes une femme, la physiologie ou la médecine est votre meilleure chance d'obtenir un prix.

L'âge joue également un rôle crucial. L'âge moyen des lauréats est de 58 ans, et le plus vieux lauréat, John Goodenough, a été récompensé à l'âge avancé de 97 ans en 2019 pour ses contributions aux batteries lithium-ion. Nos lauréats de 2024, Victor Ambros et Gary Ruvkun, respectivement âgés de 70 et 72 ans, s'inscrivent donc dans cette tendance.

L'importance de la géographie et des institutions

En ce qui concerne le lieu de résidence, une majorité des lauréats (54 %) vivent en Amérique du Nord. Pour ceux nés ailleurs, le meilleur moyen d'accroître leurs chances est de s'y installer. Les universités américaines ouvrent la voie en matière de prestigieuses récompenses, notamment l'Université de Californie à Berkeley, qui revendique 38 prix scientifiques.

Les lauréats de 2024, Victor Ambros et Gary Ruvkun, exercent eux aussi dans des institutions prestigieuses, ayant respectivement des liens avec l'Université du Massachusetts et Harvard, qui ont dominé lors des dernières remises de prix.

Un manque de diversité à améliorer

Bien que le domaine scientifique soit rempli d'excellence, cette étude révèle un manque de diversité parmi les lauréats. En analysant les prix Nobel de chimie, physique, médecine et économie depuis le début du XXe siècle, Kerri Smith et Chris Ryan notent qu'une écrasante majorité des lauréats (702 sur 736) proviennent d'un même cercle académique. Les membres du comité Nobel reconnaissent ce problème et s'emploient activement à améliorer le processus de nomination pour assurer une meilleure représentation en termes de genre, de nationalité et de spécialités.

Une qualité essentielle : la patience

Il existe une ultime qualité qui permet d'accéder au prestigieux titre de lauréat : la patience. En moyenne, les scientifiques ayant remporté un prix Nobel ont dû attendre 29 ans entre leur découverte et leur consécration. Parce que, rappelez-vous, aucun prix Nobel ne peut être décerné à titre posthume, il est essentiel d'avancer rapidement dans ses recherches.

Ainsi, les lauréats de cette année portent non seulement un héritage de découvertes, mais ils sont aussi le reflet des opportunités et des défis qui persistent dans le monde de la science.