Royaume-Uni : La situation chaotique des frontières face aux nouveaux contrôles de marchandises
2024-11-25
Auteur: Léa
Ce jour d’octobre restera gravé dans la mémoire des transporteurs. Un chauffeur de poids lourd, espérant passer le poste-frontière de Sevington dans le Kent en quatre à cinq heures, a été contraint d'attendre plus de vingt-quatre heures pour que sa cargaison de produits frais provenant de Belgique soit inspectée. Selon Phil Pluck, directeur de la Cold Chain Federation, cette expérience est devenue désolante et représentative d'une situation qui s'aggrave : « Aucun renseignement n’a été fourni, ni repas, ni accès à une douche ». À son arrivée, son chargement a été refusé, les produits étant jugés impropres à la consommation à cause de l'attente excessive.
Les nouvelles exigences de contrôle, mises en place à la suite du Brexit, commencent à peser lourdement sur les opérations commerciales. Effectives depuis le 31 janvier 2020, ces nouvelles réglementations imposent désormais des certificats sanitaires pour certains produits d'origine animale (comme les fromages au lait cru et les viandes) et végétale (comme les plants de fruits et légumes), rendant leur passage au Royaume-Uni plus complexe que jamais. Cécile Da Silva, responsable comptabilité chez La Fromagerie, déclare : « Nous avons dû anticiper nos commandes de quarante-huit heures pour permettre à nos fournisseurs d'obtenir ces nouveaux documents. Dans bien des cas, nous avons dû engager un agent pour les aider dans cette nouvelle procédure complexe. » Les certificats, signés par un vétérinaire, peuvent parfois être accompagnés d'inspections physiques, augmentant encore les délais.
En parallèle, des prénotifications doivent être envoyées, ajoutant à la charge administrative et nécessitant la création d'un poste à temps plein pour gérer ces tâches au sein de certaines entreprises, comme La Fromagerie.
En mai dernier, le gouvernement a ajouté des inspections physiques aux points d'entrée, mais avec un nombre insuffisant d'inspecteurs et des installations parfois inadaptées, seul un à deux pour cent des chargements sont effectivement contrôlés. Phil Pluck affirme que certains échantillons doivent même être envoyés à des laboratoires en Allemagne pour analyse.
Les inspections, lorsqu'elles ont lieu, se font souvent dans des conditions chaotiques. D'après Nigel Jenney, directeur du Fresh Produce Consortium, Sevington est le seul point d'entrée capable d'effectuer des contrôles en dehors des heures normales, ce qui provoque un engorgement substantiel. « La majorité des importations de produits frais arrivent la nuit pour approvisionner les marchés dans la matinée, conduisant ainsi tous les camions à passer par ce même point, créant un véritable goulot d'étranglement », explique-t-il. Les temps d’attente peuvent atteindre jusqu'à quatre-vingt-seize heures, posant un problème tragique pour des marchandises périssables, dont la qualité est compromise, entraînant ainsi des pertes financières considérables pour les entreprises concernées.