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Scandale Lactalis : Un Éleveur Laitier Trahi Annonce Sa Révolte Face à l'Abandon de Son Contrat

2024-10-03

Auteur: Philippe

« C'est une trahison ! » Dans son exploitation laitière nichée à Boussais, dans les Deux-Sèvres, Etienne Morin, un éleveur de 35 ans, alerte son voisin, lors d'un apéritif, sur une nouvelle inquiétante : Lactalis, le géant des produits laitiers, va rompre son contrat de collecte de lait d'ici un an. « Non, c'est pas possible. Tu fais partie de la liste ? » s'interroge son voisin, incrédule. Depuis plus de cinquante ans, la famille Morin alimente Lactalis ; cette annonce est un choc violent.

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans la région. « Dans le nord des Deux-Sèvres, nous sommes environ une vingtaine de producteurs touchés », indique Etienne. La situation est similaire pour des dizaines d'autres éleveurs en Vendée et dans le Maine-et-Loire. « Nous ne sommes déjà plus très nombreux ici, et ils vont dégouter les derniers », souffle-t-il, conscient de l'avenir incertain qui l'attend. Lactalis a prévu de réduire sa collecte annuelle de 450 millions de litres, soit environ 9% de ce qu'ils achètent en France.

Une Onde de Choc à l'Aube

L'annonce a atteint Etienne le 26 septembre, au petit matin. Déjà en salle de traite à 6h30, il apprend, via les ondes radio, la décision de Lactalis. « Un coup de massue, je suis scotché », confie-t-il. Péniblement, il commence à informer ses collègues, mais la déception ne tarde pas à le rattraper. "Certains comparent ça à un licenciement, mais c'est bien pire ! On ne touche aucune indemnité et nous avons des prêts à rembourser sur l'exploitation."

Un technicien de Lactalis l’a confirmé par téléphone : le lait de sa région ne les intéresse plus. Etienne a du mal à croire à cette rapidité des décisions. "Un coup dur", dit-il, la voix tremblante.

Trois Générations de Dévouement

Lactalis, dans son communiqué, a indiqué que cette décision serait "graduellement appliquée entre 2024 et 2030". Mais pour Etienne, le camion de collecte ne viendra plus à partir de novembre 2025. C’est un bouleversement pour cette exploitation familiale qui a traversé les âges. En quelques années, il a fait passer la production de 730 000 litres à 1,3 million de litres, poussé à intensifier sa production pour faire face aux charges financières.

L’histoire familiale du lait a toujours été en lien avec Lactalis, le leader mondial. "Nous pensions être à l’abri des fluctuations des marchés", avoue-t-il, déconcerté par l’abandon brusque de l'entreprise. Le groupe a désormais choisi de se concentrer sur des produits plus rentables, laissant de côté les denrées exposées aux volatilités du marché mondial.

De nouvelles Perspectives Incertaines

Désormais, Etienne doit envisager un changement fondamental pour assurer la survie de sa ferme. « La reconversion ? Impossible ! Nous aimons notre métier ! » déclare-t-il, les larmes aux yeux. Malgré des négociations difficiles sur le prix du lait plus tôt cette année, il avait encore espoir de poursuivre son partenariat avec Lactalis.

La situation est d'autant plus préoccupante pour son petit frère, Victor, qui espérait s’installer sur l’exploitation en 2027. La trahison de Lactalis remet en question leurs projets. "Il y a tant d’incertitudes, il faut avancer, mais comment, alors que tout est remis en question ?" s’inquiète-t-il.

La colère s'exprime au sein de la communauté agricole. Alors que Lactalis se repositionne pour maximiser ses profits, de nombreux éleveurs se retrouvent dans une position précaire, craignant pour l'avenir de leur métier et de leur passion. La mobilisation des producteurs pourrait-elle faire entendre leur voix face à cette réalité inquiétante ? Seul le temps nous le dira.