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Stellantis sécurise l'avenir de ses usines en France : des promesses mais des incertitudes

2024-11-19

Auteur: Pierre

Pour apaiser les craintes concernant l'avenir de ses usines en France, Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, a effectué une tournée dans plusieurs sites de production. Après une visite à Sochaux le 3 octobre, il s'est rendu à Rennes, le 18 novembre, pour célébrer le lancement d'un nouveau SUV remplaçant l'actuel C5 Aircross.

Lors d'une réunion avec des parlementaires italiens, M. Tavares a rassuré en affirmant qu'aucune fermeture ou licenciement n'était prévu en Italie. À propos de la France, il a précisé : « Chaque site a un modèle à produire au minimum jusqu’en 2028, et pour la plupart jusqu’en 2030-2032. » Il a donc écarté le risque de fermetures dans les trois ans à venir, y compris à Poissy. Cependant, il a signalé que l'avenir au-delà de cette période restait incertain, déclarant : « Les garanties, dans le monde automobile occidental d’aujourd’hui, ça n’existe pas. » Il a également souligné que le taux d’occupation actuel des usines en Europe n'était pas satisfaisant.

Malgré ses déclarations, les employés du site de La Janais, au sud de Rennes, ont du mal à dissimuler leurs inquiétudes. Avec le lancement imminent de la nouvelle version du C5 Aircross, prévue pour le second semestre 2025, se pose la question de l'avenir de l'usine après ce modèle. Didier Picard, délégué CFE-CGC, a exprimé : « Faute de recrutements, notre usine à cheveux gris devient une usine à cheveux blancs. Il est urgent d’embaucher et de renouveler les générations pour assurer l’avenir du site. »

La CFDT, représentée par Christine Virassamy, partage ces préoccupations. L’âge moyen des ouvriers est de 52 ans, et plus de 800 d’entre eux ont 58 ans ou plus. Ils espéraient que M. Tavares annoncerait l’arrivée de nouveaux modèles et, potentiellement, des recrutements. Cependant, le patron n’a pas promis de telles mesures. Actuellement, l’usine se prépare à se séparer de 200 intérimaires d’ici fin 2024, avec l’espoir de les rappeler en septembre 2025.

Pour obtenir ce nouveau modèle, l’usine de Rennes a dû prouver sa compétitivité sur les coûts et la qualité. La transformation nécessaire n'était pas garantie. Carlos Tavares a salué les efforts réalisés par l'équipe : « Si l'équipe n'avait pas pris ses responsabilités pour se transformer, nous ne serions pas ici aujourd'hui. » En effet, en 2015, l’usine s’étendait sur plus de 220 hectares avec 4 500 employés, mais n’a produit que 68 000 voitures. En 2023, avec une surface réduite de moitié et seulement 2 000 employés, elle a atteint une production de 75 000 véhicules, un exploit qui fait d’elle le troisième site du groupe en termes de performance.

Cependant, des défis persistent, notamment la nécessité de former de nouvelles générations de travailleurs pour faire face à une industrie automobile en constante évolution. Il reste à voir comment Stellantis compte répondre à ces enjeux cruciaux pour l'avenir de ses usines et de ses employés en France.