
TÉMOIGNAGE. Ludovic, 44 ans, atteint d’un Covid long : « une descente aux enfers permanente »
2025-03-22
Auteur: Jean
Pour beaucoup, la pandémie de Covid-19 n'est qu'un lointain souvenir. Cependant, pour des personnes comme Ludovic Kerbourch, c'est une épreuve toujours d'actualité, une souffrance qui persiste et devient insupportable. Cinq ans après l'apparition de la maladie, Ludovic peine à revivre la vie qu’il menait avant la Covid-19.
Âgé de 44 ans, résident de Saint-Agnan dans l’Yonne, Ludovic a longtemps été une figure dynamique de sa communauté. Pompier volontaire pendant plus de 20 ans, professeur de karaté et directeur d'un cabinet comptable, il était à la fois une boule d'énergie et un modèle de dévouement. Aujourd'hui, il se présente à nous en « position allongée », une stratégie qu'il a élaborée pour économiser son énergie.
Actuellement, il décrit son état comme « catastrophique », souffrant d'une multitude de symptômes qui rendent chaque journée difficile à vivre. « C’est un quotidien fait d'épreuves permanentes », confie-t-il, soulignant le défi invisible auquel font face ceux qui souffrent de Covid long, une affection dont la reconnaissance médicale reste anecdotique.
« Tout a basculé après ma 3ème vaccination »
Les problèmes de Ludovic ont commencé en juillet 2021, peu après sa deuxième injection du vaccin Pfizer, alors que la vaccination était obligatoire pour les pompiers. Lors d'un exercice physique, il fait un malaise et se retrouve aux urgences, où un diagnostic de tachycardie est posé, la cause supposée étant un stress ou un surmenage.
Trois mois plus tard, une nouvelle injection aggrave son état : il finit par contracter la Covid-19 en janvier 2022. La situation se dégrade rapidement à partir de juillet 2022, marquée par une explosion des symptômes, engendrant des douleurs chroniques, des troubles digestifs, visuels et une fatigue accablante.
« Je ressens une colère profonde d'avoir dû me débrouiller tout seul », déplore Ludovic, qui, en dépit de son historique médical, ne parvient pas à obtenir l'aide nécessaire. Les médecins lui attribuent ses maux à des facteurs psychologiques, lui envoyant des traitements qui ne font qu'empirer son mal.
Un diagnostic enfin établi
Finalement, Ludovic envoie son dossier médical à l’hôpital Saint-Antoine à Paris dans l’espoir d’être pris en charge. Il est orienté vers un spécialiste en gastro-entérologie qui lui révèle qu’il souffre d’un syndrome d’activation mastocytaire (SAMA), ainsi que d'encéphalomyélite myalgique, aussi connue comme le syndrome de fatigue chronique, et d'une tachycardie orthostatique posturale (POTS). Son diagnostic révèle un total de sept maladies différentes, exacerbées par un état anxio-dépressif secondaire lié à sa multitude de problèmes de santé.
À la fin de l'année 2022, près de 2 millions de cas de Covid long ont été identifiés en France, mais la situation des patients reste en grande partie ignorée, et aucune loi concrète n’a été mise en application pour les soutenir. « Nous sommes des millions à souffrir en silence, dans l’errance médicale. C’est comme si la Covid n’avait jamais existé », dit Ludovic, amer.
Une gestion quotidienne difficile
Aujourd'hui, Ludovic fait face à des symptômes qui demeurent invalidants depuis juillet 2022. Il suit un traitement lourd, prenant plus de vingt pilules par jour et recevant des injections sous-cutanées tous les dix jours. Chaque geste quotidien, même simple comme le brossage des dents, est devenu un effort monumental.
Sur le plan psychologique, il a développé une dépression et se sent « très affecté » par ce qu'il vit. Récemment, il a été pris en charge par la Présidente du groupe de travail sur les symptômes prolongés de Covid-19 de la Haute Autorité de Santé (HAS) et participe à un essai clinique centré sur un médicament utilisé dans le traitement du VIH. En attendant, il est en arrêt maladie depuis juin 2024.
Tandis que Ludovic continue de lutter contre la Covid long, son histoire soulève de nombreuses questions sur le suivi et la prise en charge des victimes de cette maladie encore largement méconnue. La rancœur et le sentiment d'injustice l'accompagnent chaque jour dans sa quête d’un retour à la normale.