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ThyssenKrupp : Une saignée inquiétante qui symbolise la crise industrielle allemande

2024-11-26

Auteur: Michel

La crise industrielle en Allemagne frappe de nouveau avec fracas, et cette fois, c'est ThyssenKrupp qui est au cœur de la tourmente. Le 25 novembre, la société a annoncé une réduction dévastatrice de 11 000 postes d'ici 2030, sur un total de 27 000 employés dans son secteur sidérurgique, un pilier de l'industrie allemande depuis ses débuts. Ce plan de restructuration intervient alors que le pays est en proie à une vague de pertes d'emplois dans toute l'industrie, en particulier dans le secteur automobile, essentiel à l'image du « made in Germany ».

ThyssenKrupp Steel Europe (TKSE), souffrant d'une crise prolongée depuis une décennie, avait réussi jusqu'à présent à minimiser les pertes d'emplois. Cependant, le projet récemment dévoilé par la direction marque un tournant spectaculaire dans le parcours de cette entreprise à forte tradition sociale. Parmi les suppressions, 5 000 emplois seront perdus dans la production et les services administratifs, avec la fermeture d'un site de production et l'externalisation de 6 000 autres postes par le biais de la vente ou de l'externalisation de services.

Ces prévisions, qui sont encore sujettes à discussion avec le syndicat IG Metall, indiquent que près de 40 % des effectifs de l'une des sociétés les plus emblématiques du « made in Germany » pourraient disparaître. La production d'acier devrait également connaître un ralentissement significatif, passant de 11,5 millions de tonnes par an à une fourchette de 8,7 millions à 9 millions d'ici la fin de la décennie.

La direction de TKSE a expliqué qu'elle réagissait à des « changements fondamentaux et structurels sur le marché européen de l'acier », accusant des surcapacités et une augmentation des importations d'acier à bas prix en provenance d'Asie. Ce plan est d'autant plus frappant qu'il intervient quelques mois après l'entrée controversée du milliardaire tchéque Daniel Kretinsky dans le capital de l'entreprise, avec l'intention d'augmenter sa participation à 50 %. Ce changement de propriétaire potentiel avait déjà incité à des démissions en série au sein de la direction de ThyssenKrupp, évoquant une turbulence interne conséquente.

Malgré tout, sur le plan de la transition énergétique, le groupe s'est engagé à transformer ses installations en remplaçant les hauts fourneaux traditionnels par des technologies à hydrogène, une initiative qui a bénéficié de 2 milliards d'euros de subventions gouvernementales. Là où d'autres géants de l'industrie ressentent le poids de la crise, ThyssenKrupp semble naviguer entre nécessité de réduction drastique d'effectifs et ambitions tournées vers un avenir plus durable.

Cette situation soulève des questions cruciales : l'industrie allemande peut-elle réellement se relever de cette saignée et s'adapter à un environnement économique mondial en pleine mutation ? Les prochains mois pourraient bien décider du sort de nombreuses entreprises historiques en Allemagne.