Un nouveau regard sur l'enfance: il y a 1,8 million d'années
2024-11-21
Auteur: Louis
Des chercheurs ont découvert que la croissance des dents de nos ancêtres Homo s'est inscrite dans des stries logées dans l'émail et la dentine, visibles dès la naissance, voire avant. Ces stries fournissent des indications précieuses sur la vitesse de développement de la dentition, grâce à des technologies de pointe comme celles du European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) à Grenoble. Une équipe internationale a analysé une dent d'un fossile trouvé sur le site de Dmanissi, en Géorgie, qui date d'environ 1,8 million d'années. Les résultats de cette recherche fascinante ont été publiés dans la revue Nature du 14 octobre.
Les premiers indices ont été recueillis en 2006, lorsqu'une étude a révélé que la maturation des couronnes des molaires était plus rapide qu'auparavant observé chez les grands singes et même chez l'homme moderne. Lors de ces premières analyses, Paul Tafforeau, chercheur à l'ESRF, était si surpris qu'il a d'abord cru à une erreur, mais les améliorations des instruments de mesure ont confirmé ces résultats inattendus.
Ce fossile, identifié sous les codes D 2700/D 2735, était celui d'un individu âgé d'un peu plus de 11 ans au moment de sa mort, dont les dents de sagesse étaient déjà en place. Ce développement dentaire est proche de celui observé chez les grands singes, bien que les dents arrière aient pris plus de temps à se développer que celles de devant. Marcia Ponce de Leon, coautrice de l'étude, souligne que cela suggère que les enfants d'Homo dépendaient des adultes bien plus longtemps que les jeunes grands singes, chez qui la chute des dents de lait marque souvent l'entrée dans l'âge adulte.
Cette prolongation de l'enfance, par rapport aux grands singes, pourrait avoir permis aux jeunes Homo d'accumuler des connaissances importantes, transmises par les adultes de leur communauté. Les chercheurs suggèrent ainsi que cette période d'apprentissage pourrait avoir été cruciale avant même que l'accroissement significatif de la taille du cerveau ne se manifeste chez ces hominidés. À l'encontre de l'idée reçue selon laquelle c'est le développement du cerveau qui aurait conduit à une enfance plus longue, cette étude propose que le processus aurait été inversé; un phénomène d'"évolution bioculturelle" aurait ainsi marqué une étape essentielle dans l'histoire de l'espèce humaine.
Les implications de cette découverte sont vastes et pourraient changer notre compréhension du développement humain. Ce nouveau regard sur l'enfance pourrait même éclairer des discussions sur la parentalité et l'éducation dans le monde moderne, alors que nous réfléchissons à la façon dont les jeunes générations apprennent des savoirs vitaux. En conclusion, ces analyses ne révèlent pas seulement le passé de l'humanité, mais ouvrent également une fenêtre sur notre cheminement en tant que société.