
Un poisson fossile révèle son dernier repas vieux de 15 millions d'années, enfermé dans l'oxyde de fer
2025-03-26
Auteur: Emma
Une découverte extraordinaire a été faite à McGraths Flat, en Nouvelle-Galles du Sud, dépassant le simple cadre paléontologique. Une nouvelle espèce de poisson osméridien, nommée Ferruaspis brocksi, a été décrite dans ce site où la goethite, un oxyde de fer, a conservé la matière organique avec une précision exceptionnelle.
Le nom de ce poisson, qui associe le latin 'ferrum' (fer) et 'aspis' (bouclier), fait référence à sa minéralisation ferrique ainsi qu'à la tradition de nommer les fossiles. Cependant, Ferruaspis brocksi est bien plus qu'un simple nom : il constitue un témoignage direct de l'écosystème aquatique australien d'il y a environ 15 millions d'années.
Avec son corps allongé et fusiforme, Ferruaspis brocksi mesure environ 70 mm de long, possédant une nageoire dorsale bien développée et une petite nageoire adipeuse derrière le dos. Contrairement à ses proches modernes tels que Prototroctes, il ne présente aucun signe de fusion des éléments de la nageoire caudale, indiquant ainsi sa place précoce dans l'arbre évolutif des osméridés du sud.
L'un des aspects les plus captivants de cette découverte réside dans la conservation exceptionnelle de ses contenus stomacaux. Quatre spécimens fossiles ont révélé un régime alimentaire varié qui incluait des larves de Chaoborus abundans, un insecte aquatique benthopélagique, ce qui témoigne d'une alimentation opportuniste en milieu aquatique.
Deux estomacs contenaient également des ailes d'insectes et un autre renfermait un bivalve d'eau douce, suggérant que ce poisson évoluait dans des eaux riches en insectes aquatiques, probablement à proximité d'une végétation riveraine.
Une caractéristique fascinante est la préservation des cellules pigmentaires, appelées mélanophores. Ces structures, qui apparaissent sous forme de points jaunes ou orangés, forment un motif typique des poissons pélagiques connu sous le nom de 'contre-ombrage'. Grâce à des analyses au microscope électronique, les chercheurs ont identifié des mélanosomes dans l'œil du poisson, qui reflètent les structures de la rétine chez les poissons modernes.
Fait surprenant, les preuves suggèrent que Ferruaspis brocksi était exclusivement un poisson d'eau douce, à l'opposé de la plupart des osmériformes modernes qui alternent entre les rivières et les mers. Cette découverte lui confère un rôle précieux dans la compréhension de l'évolution des modes de vie aquatiques.
En plus de son mode de vie, un détail inédit de cette découverte est l'observation d'une larve de moule d'eau douce encore accrochée à sa nageoire, la glochidie. C'est la première fois qu'une telle interaction parasite est observée dans des fossiles, prouvant que le poisson a survécu assez longtemps après l'infection pour que la fossilisation conserve cette interaction.
L'analyse phylogénétique a permis de classer Ferruaspis brocksi comme une lignée distincte au sein des osmériformes, représentant ainsi une nouvelle famille, les Ferruaspidés, caractérisée par des traits morphologiques uniques.
Le gisement de McGraths Flat est exceptionnel, grâce à la goethite qui a favorisé la conservation fine des tissus mous et des structures internes des insectes et poissons, offrant ainsi un aperçu sans précédent des écosystèmes d'eau douce australiens du Miocène. Cette découverte ouvre des perspectives prometteuses pour la recherche sur l'évolution des tissus mous et les interactions écologiques.