Introduction

Le Parlement européen n'avait pas vécu une telle effervescence depuis des lustres. Le mercredi 9 octobre, la visite du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, à Strasbourg pour discuter des priorités de la présidence hongroise du Conseil de l'Union européenne (UE), a totalement électrisé un hémicycle généralement réservé aux échanges plus modérés.

Un débat passionné

Treize ans après sa première présidence au sein du Conseil, Orban, figure emblématique du groupe d'extrême droite Patriotes de l'Europe, a dû faire face à une pluie de critiques virulentes. Des représentants des partis conservateurs, libéraux et de gauche, ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont allumé un feu de critiques contre lui. Ce dernier, bien que sous pression, a maintenu son calme et a répliqué à chaque attaque, concluant que ce fut l’un des débats les plus passionnés que le Parlement ait connus ces dernières années.

Les critiques à l'encontre d'Orban

Orban, qui prône une transformation de l’Europe et soutient la mise en place d'un pacte de compétitivité, a tenté sans succès de rassurer ses détracteurs. Ses opposants n'ont pas ménagé leurs efforts pour souligner sa dérive illibérale et autoritaire, qui perdure depuis 2010. Le ton a été donné par Manfred Weber, leader du Parti populaire européen (PPE), qui lui a asséné : 'Votre présidence actuelle n'est que l'ombre de la précédente. À l'époque, vous étiez au centre de l'Europe ; aujourd'hui, vous êtes seul !'

L'alarme de la présidente de la Commission européenne

Iratxe Garcia, présidente du groupe social-démocrate, n’a pas hésité à dénoncer ce qu’elle qualifie de 'faux patriotisme utilisé pour saper la démocratie'. Elle a averti que la vision d’Orban pour l’Europe pourrait ouvrir la voie à un déclin notoire des valeurs démocratiques. Seuls les groupes d’extrême droite, notamment les Patriotes, ont courageusement défendu le Premier ministre hongrois, saluant sa position ferme sur les questions d’immigration.

Ursula von der Leyen en première ligne

Mais c'est Ursula von der Leyen qui a véritablement marqué les esprits. Dans un discours percutant, elle a affirmé que 'les Hongrois font partie de la famille européenne', tout en critiquant vertement la politique d'Orban, le laissant visiblement déconcerté. Ses remarques, jugées 'peu convenables', ont été perçues comme un tournant dans les relations entre la Hongrie et l’UE.

Une fracture croissante au sein de l'UE

Cette confrontation au sein de l’hémicycle souligne une fracture croissante au sein de l'Union européenne. Orban, qui revendique des valeurs traditionnelles et un contrôle strict des flux migratoires, risque de continuer à être isolé face à un bloc de plus en plus méfiant. Alors que l’Europe fait face à de nombreux défis, de la crise migratoire au changement climatique, les tensions avec des leaders comme Orban ne font que se resserrer. Alors, la Hongrie est-elle en train de sortir de la carte de l'Europe unie ? Seul le temps le dira.