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Haïti : 28 membres de gangs abattus dans une violente offensive entre police et habitants de Port-au-Prince

2024-11-20

Auteur: Sophie

La situation en Haïti continue de se détériorer alors que la police haïtienne a annoncé, ce mardi, avoir éliminé 28 membres de gangs armés, avec le soutien de citoyens de Port-au-Prince. Ce drame survient alors que la capitale des Caraïbes est plongée dans le chaos, et fait face à une insécurité croissante.

Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé de suspendre ses opérations à Port-au-Prince à partir de mercredi, en raison des "violences et menaces" subies par son personnel depuis plus d'une semaine. Cela souligne la gravité de la situation sécuritaire.

Dans une opération nocturne, des policiers ont réussi à intercepter un camion et un minibus transportant des membres de gangs à Pétion-Ville, une commune plus aisée de la banlieue de Port-au-Prince. Selon le porte-parole adjoint de la police nationale, Lionel Lazarre, les forces de l'ordre ont ouvert le feu, tuant au moins dix suspects. Les habitants, s’organisant en groupes d'autodéfense, ont également poursuivi et éliminé d'autres membres des gangs.

Des témoins ont rapporté que des corps, qualifiés de criminels, ont été retrouvés et brûlés dans les rues de Pétion-Ville, illustrant la manière brutale et désespérée avec laquelle la population tente de reprendre le contrôle.

Des résidents, anonymes pour des raisons de sécurité, ont déclaré que des gangs étaient arrivés lourdement armés, prêts à semer le trouble. Un habitant a affirmé : "Nous sommes déterminés à protéger notre ville et nous n’hésiterons pas à nous défendre contre quiconque oserait nous attaquer."

- Une violence en escalade -

Cette flambée de violence est exacerbée par les activités du groupe de gangs connu sous le nom de "Viv Ansanm" (Vivre ensemble), qui a récemment pris d'assaut Pétion-Ville après un appel à la mobilisation sur les réseaux sociaux émis par leur leader, Jimmy Chérisier, alias "Barbecue". Ce dernier ne cache pas ses ambitions politiques, exigeant la démission du Conseil présidentiel de transition.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a exprimé ses inquiétudes face à cette escalade de la violence et a appelé à des avancées rapides dans la transition politique en Haïti.

La récurrence des violences a incité MSF à suspendre ses activités pour le moment, rappelant qu'une de ses ambulances a été attaquée récemment, entraînant la mort d'au moins deux patients et l’agression de personnel médical.

- Une crise politique sans fin -

Ces événements surviennent dans un contexte politique déjà chaotique, avec le renvoi, le 10 novembre, du Premier ministre Garry Conille, remplacé par Alix Didier Fils-Aimé qui s’équipe de promesses d'apaiser la sécurité et de préparer les élections qui n'ont pas eu lieu depuis 2016.

Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, est depuis longtemps en proie à la violence des gangs, qui commettent meurtres, viols, pillages et enlèvements. La situation est alarmante ; la semaine dernière, des tirs d'armes à feu sur des avions ont conduit les autorités à restreindre les vols commerciaux entre les États-Unis et Haïti, entraînant la fermeture de l'aéroport de Port-au-Prince.

La crise humanitaire se détériore également, avec plus de 20.000 personnes déplacées récemment selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un chiffre sans précédent depuis août 2023.

Bien qu'une mission multinationale de soutien à la police soit en place, dirigée par le Kenya avec plus de 400 hommes, la violence et l'analphabétisme politique continuent de miner les efforts de rétablissement de l'ordre dans ce pays dévasté. Par ailleurs, les Nations unies ont rapporté qu'il y a eu 1.233 meurtres entre juillet et septembre, une statistique alarmante qui révèle une crise en pleine expansion.