Nation

"Il ne négocie pas avec eux" : le défi insensé de Michel Barnier face au Rassemblement national pour sauver son gouvernement

2024-11-24

Auteur: Pierre

C'est un événement politique majeur en France : Michel Barnier accueillera Marine Le Pen à Matignon, le lundi 25 novembre à 8h30. Cette réunion marquera le début d'une série d'entretiens avec les dirigeants des groupes parlementaires d'opposition, avec Le Pen comme première intervenante, accompagnée de Jean-Philippe Tanguy, président délégué du Rassemblement National (RN). Le sujet central de leurs discussions sera le budget, d'autant plus que le parti d'extrême droite menace d'utiliser sa voix pour la censure du gouvernement.

Sur les ondes de RTL, Marine Le Pen a déclaré que ses 123 députés seraient prêts à voter la motion de censure déposée par la gauche, en réponse à l'usage prévu du 49.3 pour faire passer le budget en décembre. "Nous ne tolérerons pas un nouvelle baisse du pouvoir d'achat des Français, c'est inacceptable. Si cette ligne rouge est franchie, nous agirons," a-t-elle affirmé, s'exprimant après un procès concernant des aides parlementaires.

"Michel Barnier nous ignore totalement," a déploré Renaud Labaye, le secrétaire général du RN à l'Assemblée, mettant en évidence la tension croissante entre Matignon et le RN. Barnier avait précédemment essayé d'apaiser les choses avec un appel à Le Pen, mais la froideur des relations persistait.

Quatre jours plus tard, Matignon a annoncé que Michel Barnier rencontrerait tous les chefs de groupes d'opposition, débutant par Marine Le Pen. Selon le gouvernement, ces rencontres étaient déjà planifiées, soulignant que Barnier ne cédera pas à la pression du RN.

Un conseiller a précisé que Barnier tente d'adopter une approche équilibrée, cherchant des compromis avec tous les groupes, y compris le RN. Cependant, certains députés mettent en garde contre l'octroi d'avantages au RN, craignant que cela ne renforce leur position.

Le RN maintient néanmoins la pression sur le gouvernement, espérant obtenir des concessions sur le pouvoir d'achat et d'autres questions critiques. Philippe Ballard, un député du RN, a récemment exprimé son inquiétude que le texte budgétaire ne réponde pas aux besoins des Français, notant que jusqu'à présent, il n'y avait rien de concret à propos des réformes structurelles attendues.

"Il y a un fossé énorme entre néant et l'acceptation de nos propositions, il faut agir," a-t-il insisté. Barnier, pris dans cette danse délicate, doit gérer les nécessités de gouvernance tout en évitant de donner trop d'importance au RN, qui peut constituer une menace mortelle par un vote de censure.

Le RN devrait réitérer ses demandes pour protéger le pouvoir d'achat et s'opposer à l'augmentation de la taxe sur l'électricité, une mesure que le gouvernement espère adopter pour économiser 3 milliards d'euros. Bien que ce plan ait été rejeté par plusieurs partis, Michel Barnier a laissé entendre qu'il pourrait abandonner cette idée.

Il est crucial pour Barnier de naviguer entre dialogue et confrontation avec le RN, une realpolitik essentielle pour garder son gouvernement au pouvoir. Un député macroniste a même exprimé ses doutes sur le fait que le RN ose déclencher une censure à l'approche des fêtes, ce qui pourrait plonger la France dans le chaos économique.

"Si Marine Le Pen souhaite déclencher une crise pour se positionner pour la présidentielle, elle le fera à son moment", a anticipé Antoine Vermorel-Marques. Le suspense se prolongera jusqu'à mi-décembre, dans un marathon budgétaire où le Rassemblement national pourra choisir de frapper ou non.