Divertissement

Le film « L’Histoire de Souleymane » : Un miroir poignant de la réalité d’Abou Sangare

2024-10-09

Auteur: Jean

CINÉMA - La frontière entre la réalité et la fiction est souvent floue au cinéma, un constat que le réalisateur Boris Lojkine, connu pour ses précédents films Camille et Hope, ne peut qu’appuyer. Son dernier long-métrage, L’Histoire de Souleymane, qui a déjà séduit le jury du Festival de Cannes par son authenticité, sort en salles ce mercredi 9 octobre.

Nous plongeons dans le récit de Souleymane Sangare, un jeune livreur guinéen à vélo, à Paris, dont la vie prend une tournure tragique à l'approche de son rendez-vous pour une demande d'asile. Entre un accident de la route, des tensions avec une cliente, et une interaction délicate avec des policiers, Souleymane fait face à des obstacles de taille. La pression monte au fur et à mesure que le moment fatidique approche, il est assailli par des questions stressantes : « Et si on me prend pour un menteur ? ».

Le cauchemar se poursuit pour Souleymane alors qu’il rate son bus pour le refuge d’hébergement d’urgence et se retrouve à passer la nuit dehors. Épuisé mais déterminé, il réussit finalement à se présenter à l’agent de l’Ofpra, incarné par Nina Meurisse. Lors de son entretien, alors qu’il se débat avec son récit, elle l'encourage à dévoiler la vérité sur son voyage depuis la Guinée. Ce qui suit est un monologue déchirant qui illustre le parcours d’un jeune homme en quête d’espoir.

Au-delà de la fiction, le film résonne intensément avec l’histoire d’Abou Sangare, l’acteur qui joue Souleymane. Né le 7 mai 2001 à Sinko, Abou a quitté la Guinée à 15 ans pour fuir la maladie de sa mère, sans moyens pour la soigner. En quête d'une vie meilleure, son périple l’a mené à travers le Mali, l’Algérie, la Libye et finalement Lampedusa, avant d’arriver en France. Tragiquement, sa mère est décédée peu après son arrivée.

Abou Sangare a vécu dans la ville d'Amiens pendant six ans. Malgré ses efforts pour régulariser sa situation en France, ses précédentes demandes ont été refusées. Mais la situation pourrait changer : un garage de la région a pris l'initiative de soutenir sa demande de papiers en 2023, coïncidant avec sa sélection pour jouer le rôle principal dans L’Histoire de Souleymane.

Alors qu’il se prépare pour la sortie du film, Abou espère aussi que sa situation pourra évoluer favorablement. « J’aime le cinéma. Ça m’a permis aujourd’hui d’être avec vous sur ce plateau, a-t-il partagé lors d’une interview. Mais mon rêve, le jour où j’aurai mes papiers, c’est de retourner au garage où je suis mécanicien. » Sa quatrième demande d'asile sera soumise le 10 octobre, le lendemain de la première du film, servant ainsi de symbole d'espoir pour lui et tant d'autres dans la même situation.

L’Histoire de Souleymane ne se contente pas de raconter une histoire : elle met en lumière des réalités méconnues et des luttes profondes qui touchent de nombreux immigrés en France, tout en nous questionnant sur notre humanité et notre capacité à agir.