Les investissements étrangers en France sous pression : Quelle analyse d'EY ?
2024-11-19
Auteur: Michel
Une étude récemment publiée par le cabinet EY, révélée ce lundi, met en lumière une préoccupation majeure au sein des investisseurs étrangers en France. Près de 49% d'entre eux ont déclaré avoir réduit ou reporté leurs projets d'investissement à cause de la dissolution, un événement qui a suscité de nombreuses interrogations quant à l'avenir économique du pays.
Dans cette enquête, 200 décideurs issus de 25 pays ont exprimé leurs inquiétudes concernant les incertitudes législatives et réglementaires qui pèsent sur leurs projets. 59% d'entre eux se sentent préoccupés par la difficulté de construire des « business plans » fiables, tandis que 47% redoutent un ralentissement des réformes.
De plus, 40% des investisseurs mentionnent une incertitude concernant les décisions publiques dans des secteurs clés, et entre 20 à 30% portent des préoccupations sur la situation budgétaire et économique du pays, sans oublier les coûts de la main-d'œuvre. L'attractivité de la France, souvent saluée comme un pôle d'opportunités, commence à devenir moins persuasive à l’échelle internationale.
En effet, le classement des pays d'accueil pour les investissements étrangers a vu une évolution significative ces dernières années. Alors que la France avait été désignée cinq fois consécutives comme le pays préféré des investisseurs étrangers en Europe, 42% des chefs d'entreprise interrogés estiment que l'attractivité du Royaume-Uni s'est désormais améliorée, malgré une pression fiscale accrue. Chose frappante, l'Allemagne est perçue comme une menace grandissante pour l'attractivité de la France.
Concernant la projection des investissements pour 2024, 84% des dirigeants affirment avoir reporté leurs décisions d’investissement au moins jusqu'en 2025. Bien qu’au moins 60% d’entre eux envisagent de développer des activités de recherche et développement (R&D) ou des services en France d’ici 2027, seuls 49% projettent d’y implanter ou d’étendre des usines au cours des trois prochaines années. Une triste réalité est que seulement 15% envisagent de créer des centres de décision dans le pays.
Cependant, malgré ce climat d'incertitude, les dirigeants d'entreprise remarquent des atouts indéniables de la France. 37% reconnaissent la richesse des compétences dans le pays, 29% saluent la capacité d’innovation et de recherche, alors que 25% évoquent la fiabilité des infrastructures comme un point fort.
Marc Lhermitte, associé chez EY, souligne que malgré l'impact des défis économiques et politiques, la France reste sur le radar des investisseurs internationaux. Selon lui, les efforts soutenus de compétitivité et de stabilité réalisés au cours de la dernière décennie ont permis de maintenir un certain intérêt. Mais il préconise des ajustements : "Pour rester compétitifs, les politiques publiques doivent s'orienter vers une optimisation des dépenses, un soutien continu à l'industrie, à la décarbonation, et à la recherche et développement."
Jean-Roch Varon, président d'EY France, fait écho à cette nécessité en suggérant que le financement des entreprises doit s'inspirer des recommandations du rapport Draghi sur la compétitivité européenne. Il préconise également de capitaliser sur l’avantage énergétique de la France et de prioriser l'accompagnement des PME et ETI dans leurs transformations. Ainsi, dans ce contexte de turbulences économiques, il est crucial pour la France de restaurer et d'améliorer sa position sur la scène internationale.