Dans un revirement sans précédent, la Suède a décidé d'annuler 13 projets d'éoliennes offshore en mer Baltique, une décision qui souligne la tension croissante entre la nécessité de défendre le pays et l'engagement vers une transition énergétique verte.

Un choix dicté par la sécurité nationale

L'annulation, annoncée début novembre 2024, est le résultat direct des recommandations des forces armées suédoises. Celles-ci ont mis en avant que les structures éoliennes pourraient perturber gravement les systèmes radar et de détection, en particulier concernant la surveillance des activités sous-marines russes. Dans un communiqué officiel, les autorités ont déclaré que « les interférences générées par les pales des éoliennes affecteraient notre capacité à détecter des menaces telles que les sous-marins ennemis ».

La mer Baltique, un point névralgique stratégique, devient d'autant plus cruciale avec la proximité de l'enclave russe de Kaliningrad. Cette zone est à la fois un corridor de communication maritime pour les membres de l’OTAN et un terrain de jeu pour des tensions géopolitiques exacerbées. La Suède, récemment intégrée à l'OTAN, perçoit cette situation régionale comme une question de survie collective. Le ministre de la Défense, Pål Jonson, a souligné que « la situation actuelle exige que notre défense soit notre priorité absolue ».

Un coup dur pour l’ambition énergétique

Cette décision de renoncer à des projets éoliens très attendus constitue un sérieux revers pour les ambitions écologiques de la Suède, qui vise à doubler sa consommation d'électricité d'ici 2045, atteignant ainsi 300 TWh, majoritairement grâce aux énergies renouvelables.

Parmi les 24 projets offshore initialement envisagés, seulement 11 restent en lice. Les professionnels de l'éolien, représentés par l'association Svensk Vindkraft, ont exprimé leurs préoccupations, qualifiant cette décision de « trop restrictive » et alarmante pour l'avenir des énergies renouvelables en Suède.

Possibilités d’avenir : le projet Poseidon

Un espoir persiste avec des projets alternatifs comme le projet Poseidon, prévu sur la côte sud-ouest de la Suède, loin des zones considérées comme stratégiques. Mais les experts s'accordent à dire que même avec cette initiative, la transition énergétique doit naviguer des eaux de plus en plus troubles, où les enjeux géopolitiques prédominent sur les objectifs écologiques.

En conclusion, la Suède se retrouve à un carrefour où la protection nationale et la durabilité environnementale doivent coexister avec des décisions difficiles. Les prochaines étapes de cette transition dépendront non seulement de la volonté politique mais aussi de la situation géopolitique qui semble évoluer rapidement.