Monde

Un an après le 7 octobre : Gaza, un territoire devenu invivable

2024-10-08

Auteur: Pierre

Au lever du jour du 7 octobre 2023, Nahed Shuheibar savoure un café avec ses fils sur le balcon de leur maison surplombant l'une des plus belles plages du nord de Gaza. Pendant ce temps, Amal Nassar, enceinte de six mois, discute avec ses collègues dans un bus en route vers Rafah, près de la frontière sud de l'enclave. Ahmad Al-Kafarneh, à Beit Hanoun, se trouve déjà dans les champs d'oliviers de son père. Depuis sa position sur une falaise de calcaire, il aperçoit les villages israéliens de Netiv Haasara et Zikim, au-delà des murs de béton qui entourent le nord de Gaza.

Tout à coup, une roquette retentit au-dessus de la maison des Shuheibar, perçant le ciel et se dirigeant vers la mer. "J'ai pensé que le Hamas testait un nouveau système de lancement. Puis, une deuxième roquette, suivie de plusieurs autres...", raconte Nahed. Joignant le témoignage par téléphone, l'entrepreneur avoue que l'accès des médias internationaux à Gaza a été restreint par Israël depuis un an. Amal, dans son bus, se rend compte de ce qui se passe : "Des habitants de l’est de Rafah fuyaient loin de la frontière. J’ai eu peur pour mes enfants et j’ai demandé à mon mari de ne pas les envoyer à l'école."

Ahmad, conscient du danger, voit des miliciens du Hamas dans ses champs, traquant des Gazaouis désespérés tentant de quitter l'enclave. Il se remémore : "Après les premières explosions, des hommes armés sont passés la frontière, que ce soit en voiture, à moto ou même à pied. Ils se dirigeaient vers le terminal militaire israélien d'Erez, qui marque le nord de Gaza. Nous avons su que les Israéliens tireraient et tueraient ceux qui s'approchaient, alors nous avons couru nous mettre à l'abri au village."

Par ailleurs, Nahed s’est précipité au marché de Beit Lahya pour faire des provisions, conscient que la situation allait gravement s'aggraver : "J’ignorais tout des événements, mais je savais qu'il fallait s préparer. Les gens parlaient de rumeurs inquiétantes... Peu après, j'ai vu des membres du Hamas se diriger vers la frontière, sans même essayer de dissimuler leurs visages."

Un an après ces événements, la situation à Gaza reste très préoccupante. Les infrastructures sont dévastées, la population vit dans une peur constante et les ressources deviennent de plus en plus rares. Le blocus israélien, déjà sévère, s'est intensifié, laissant les habitants dans une situation désespérée. De nombreux enfants n'ont pas accès à l'éducation, et les artistes et intellectuels de Gaza luttent pour exprimer leur créativité dans un environnement si restreint. Les ONG relèvent que chaque jour qui passe voit l'espoir d'une vie meilleure se réduire, laissant les Gazaouis face à un avenir incertain.