Il y a 5,5 millions d'années, la mer Méditerranée a frôlé la catastrophe en subissant une crise de salinité sans précédent. L'accumulation de sels sur le fond marin témoigne d'un phénomène dramatique : la mer aurait perdu jusqu'à 70% de son volume d'eau en raison de la fermeture temporaire du détroit de Gibraltar.

Cette période, désignée comme le "crise messinienne", a créé d'immenses dépôts de sel et a profondément modifié l'écosystème méditerranéen. La question principale qui se pose : cet assèchement a-t-il été progressif ou brutal ? Grâce à une analyse des isotopes de chlore dans des échantillons prélevés sur les dépôts salins, des chercheurs ont pu établir que cet assèchement s'est produit rapidement, en deux phases distinctes.

Giovanni Aloisi, directeur de recherche au CNRS et co-auteur de l'étude publiée dans la revue Nature Communications, a expliqué que la Méditerranée, à cette époque, se déconnectait lentement de l'Atlantique, créant ainsi une impasse pour les échanges d'eau. Cette situation a été exacerbée par des facteurs climatiques et géologiques, notamment des périodes de forte évaporation dues à la chaleur extrême.

Les conséquences de ce phénomène ne se sont pas limitées à la perte d'eau. La faune et la flore marines ont été gravement affectées, entraînant des extinctions massives et des changements historiques dans les milieux aquatiques. La Méditerranée n'a pas seulement été asséchée; elle a également connu un bouleversement écologique qui a façonné la mer que nous connaissons aujourd'hui.

Ainsi, la mer Méditerranée a finalement réussi à retrouver ses niveaux d'eau, mais les traces de cette crise restent visibles dans le paysage géologique et biologique actuel. La recherche continue d'explorer les implications de cette crise, non seulement pour notre compréhension du passé, mais aussi pour les scénarios futurs concernant le changement climatique. Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette catastrophe ancienne pour aujourd'hui ? L'avenir de la Méditerranée est plus que jamais incertain.